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Le Bassin du Congo au cœur des préoccupations françaises ?

Dimanche 22 Septembre 2013 - 19:07

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Après un début cataclysmique à Kinshasa, qui n’était pas sans rappeler la « gaffe » commise à Dakar par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, François Hollande semble prendre peu à peu la mesure de l’enjeu que  représente l’Afrique centrale pour la France et les Français. En témoignent les propos tenus en public et en privé par le président français lors de sa courte visite à Bamako en fin de semaine dernière, propos qui laissent entrevoir que l’Elysée s’informe enfin à bonne source sur les réalités africaines du temps présent.

Certes, l’on est encore loin de ce qui s’imposera demain comme une évidence dans les sphères du pouvoir à Paris, à savoir que la France ne peut exister véritablement dans l’arène internationale que si elle parvient à renouer des liens de confiance avec ses partenaires traditionnels. Mais le discours change indiscutablement, à l’Elysée comme au Quai d’Orsay, où l’on passe lentement mais sûrement d’une gesticulation stérile sur la Syrie et l’Iran, à laquelle personne de sensé ne pouvait prêter attention, à une approche pragmatique des problèmes internationaux qui laisse bien augurer de la suite des évènements.

Entendons-nous bien, cependant: si François Hollande a compris l’ampleur du drame qui se joue en Afrique centrale avec la plongée de la Centrafrique dans les enfers de la guerre civile, il n’a pas encore mesuré la véritable dimension de l’équation que doit résoudre sa voisine, la République Démocratique du Congo. Ou, plus exactement, il semble n’en apprécier encore que la dimension  humanitaire alors que le problème concerne directement ou indirectement les douze nations qui composent le Bassin du Congo, c’est-à-dire deux cent millions d’être humains et un espace géographique trois fois grand comme l’Europe.

Il est vrai que ni la haute administration française, ni la classe politique de l’Hexagone, ni les médias publics ou privés qui prétendent observer avec attention l’actualité des cinq continents n’ont compris l’importance de la partie qui se joue dans cette partie du monde. Et que, de ce fait, le chef de l’Etat, isolé dans la Tour d’ivoire qu’est devenu le Palais de l’Elysée au fil du temps, ne dispose pas des données qui lui permettraient d’opérer les bons choix en toute connaissance de cause. Mais il semble que l’erreur majeure commise en Libye par son prédécesseur, erreur qui se trouve directement à l’origine du drame vécu par le Mali et des problèmes que connait aujourd’hui la République centrafricaine, servent de révélateur pour lui et pour son entourage. Et c’est là, reconnaissons-le,  un progrès considérable.

Le rôle de la presse n’est certainement pas de donner des conseils aux princes qui nous gouvernent, lesquels ont à leur disposition de puissantes machines pour les conseiller et les aider à décider ce qui est bon ou mauvais pour leur pays. Qu’il nous soit malgré tout permis de dire ici qu’une lecture plus attentive, plus précise, plus objective de ce qui s’écrit et de ce qui se dit à Brazzaville, Kinshasa, Bangui, Luanda, Libreville, Yaoundé et autres lieux éviterait certainement à François Hollande et aux technocrates qui l’entourent des erreurs de jugement dont la France ne peut que pâtir lourdement.

Pour dire les choses crûment ce n’est que lorsque le Bassin du Congo figurera au cœur des préoccupations de sa diplomatie que la France aura une chance sérieuse de se faire entendre sur la scène internationale. Même si des progrès ont été accomplis dans ce sens au cours des derniers mois on en est encore loin.

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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