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Le Bassin du Congo, creuset de la littérature africaine

Lundi 23 Mars 2015 - 9:30

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Certes elle ne fermera ses portes que ce soir, à Paris, mais la trente-cinquième édition du Salon du livre confirme dès à présent l’incroyable vitalité de la littérature africaine en général, de la littérature du Bassin du Congo en particulier. En auront témoigné, cinq longues journées durant, les multiples débats organisés au cœur du Palais des expositions de la Porte de Versailles par la Librairie-galerie Congo, dans le cadre enchanteur de son stand qui figurait une fois de plus parmi les plus grands, les plus vivants, les plus courus de cette prestigieuse manifestation.

Les Dépêches de Brazzaville ayant accompagné de bout en bout l’édition 2015 du Salon du livre en consacrant, depuis jeudi, le cœur de tous ses numéros aux activités du stand Livres et auteurs du Bassin du Congo, nous sommes très bien placés pour confirmer que cette région du continent est devenue, au fil du temps, le creuset de la littérature africaine. Par le nombre et la diversité de ses écrivains, par la multiplication des ouvrages que ceux-ci publient chaque année, par l’attraction qu’ils exercent sur les lecteurs de tous âges et de toutes conditions, l’Afrique centrale s’affirme de jour en jour sur la scène mondiale comme l’un des lieux où les lettres, la culture, l’art, la transmission jouent un rôle primordial. Il suffisait – il suffit – de s’asseoir dans le lieu très ouvert où se tenaient – où se tiendront encore aujourd’hui – les débats et d’observer avec attention le public qui s’y pressait – qui s’y pressera toujours ce lundi – pour se convaincre que le grand mouvement décrit ici s’accélère de façon continue.

Si nous dressons sans plus attendre ce constat, ce n’est évidemment pas pour nous envoyer des fleurs, mais parce que l’image du Bassin du Congo ainsi projetée contraste de façon radicale avec l’image détestable que véhiculent nombre de grands médias internationaux. À commencer par les puissantes machines audiovisuelles qui ont une fâcheuse tendance à présenter les pays de la région comme des lieux maudits où règnent en maîtres la violence, la corruption, le déni des droits humains, l’oppression sous toutes ses formes, sans comprendre, ou sans vouloir admettre, que les choses bougent dans la bonne direction en dépit des crises qui affectent l’une ou l’autre des nations de l’Afrique centrale.

La vérité est qu’une fois de plus le Salon du livre de Paris a montré la place croissante que la lecture, sous toutes ses formes, occupe dans la vie quotidienne des Africains. Du roman à la bande dessinée en passant par la poésie, l’essai, l’histoire, l’art, la mode, la cuisine, la bande dessinée, le livre s’affirme de jour en jour dans cette partie du monde comme l’une des activités humaines les plus vivantes, les plus attrayantes. Ce qui explique le fait que durant ces cinq longues journées, le public n’a pas cessé de passer de table en table sur le stand de la Librairie-Galerie Congo pour feuilleter, noter, acquérir les ouvrages qui s’y entassaient dans un savant désordre.

Lorsque le Salon du livre fermera ses portes, ce soir, le temps sera venu d’en tirer les leçons. À commencer par celle-ci qui paraîtra folle à beaucoup mais qui ne tardera pas à s’imposer comme une évidence : si l’on veut que l’Afrique prenne réellement son destin en mains, il lui faut s’équiper de telle façon que les livres, tout spécialement les livres de classe, soient  imprimés là où ils seront lus. Alors, en effet, sera franchi le pas décisif qui libèrera les peuples africains de cette partie du monde de la tutelle que fait encore peser sur eux l’impossibilité où ils se trouvent de les produire sans l’aide de personne.

 

Un rêve ? Évidemment pas ! Nous sommes là pour le démontrer et nous avons la ferme intention de le faire à brève échéance.

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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