Le saviez-vous ? Le royaume Kuba, un empire raffiné au cœur du Kasaï

Jeudi 15 Mai 2025 - 22:31

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Bien avant la colonisation, un royaume majestueux s’élevait : le royaume Kuba. Fondé au XVIIe siècle, dans l’actuelle région du Kasaï, ce royaume est l’un des exemples les plus brillants de la civilisation centre-africaine.

 

Le royaume Kuba naît de l’unification de plusieurs groupes ethniques bantous sous le règne de Shyaam a-Mbul a Ngoong, un chef légendaire dont l’histoire mêle faits historiques et récits mythiques. À son apogée, le royaume comptait plus de dix-neuf groupes ethniques intégrés autour d’un système politique centralisé, avec le roi (Nyim) au sommet. Ce dernier était entouré d’un conseil de notables, d’administrateurs, de chefs religieux, et même d’un protocole strictement codifié.

Contrairement aux idées reçues, les royaumes africains précoloniaux ne reposaient pas seulement sur la force militaire. Le royaume Kuba, en particulier, brillait par son sens de l’organisation, sa diplomatie et sa capacité à gérer les ressources naturelles, notamment le commerce de l’ivoire, du rotin, du cuivre et du sel.

Une culture de l’esthétique et du savoir

Les Kuba ont développé un art raffiné, reconnu aujourd’hui par les plus grands musées du monde. Leurs masques rituels, comme ceux de Mwaash Mbooy et Bwoom, racontent l’histoire de la royauté, du peuple et de la spiritualité. Ces masques étaient utilisés lors de cérémonies initiatiques et royales, chacun porteur d’une symbolique complexe.

Le textile en raphia, probablement l’expression la plus connue de l’art kuba, servait bien plus que de simple vêtement : il s’agissait d’un véritable langage visuel. Les femmes tissaient des motifs géométriques abstraits qui incarnaient le statut social, les valeurs morales et parfois même des messages codés. Ces tissus étaient offerts aux rois, échangés comme cadeaux diplomatiques et utilisés comme dot.

Une mémoire vivante de l’histoire

Dans une société sans écriture, la transmission du savoir reposait sur la tradition orale. Le royaume Kuba avait des historiens attitrés : les mbombwo. Ces spécialistes de la mémoire collective récitaient l’histoire du royaume lors de cérémonies ou en présence du roi, rappelant la lignée des souverains, les alliances, les guerres, les mythes fondateurs. Leur parole était sacrée et leur rôle fondamental dans la pérennité de l’identité kuba.

Pourquoi ce royaume est-il méconnu aujourd’hui ?

La colonisation belge, comme ailleurs, a souvent réduit les royaumes africains à des structures “tribales” sans véritable système. Les archives orales ont été négligées, les symboles détruits ou confisqués. Pourtant, des milliers d’objets kuba dorment aujourd’hui dans des musées européens, témoignant de la richesse de cette civilisation.

Redécouvrir le royaume Kuba, c’est aussi questionner notre rapport à l’histoire. Et si nous replacions l’Afrique au cœur de ses propres récits ? Et si les jeunes Congolais apprenaient à l’école non seulement l’histoire de Léopold II, mais aussi celle de Shyaam a-Mbul ?

 

Jade Ida Kaba

Légendes et crédits photo : 

Shyaam a-Mbul a Ngoong / DR

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