Le Saviez-Vous ? : Wole Soyinka, premier Africain à recevoir le prix Nobel de littératureLundi 8 Septembre 2025 - 14:48 En 1986, l’écrivain nigérian Wole Soyinka marquait l’histoire de la littérature mondiale. Avec son style poétique et engagé, il devenait le premier Africain à recevoir le prix Nobel de littérature, une distinction qui reconnaissait autant son œuvre artistique que son combat pour la liberté. Né en 1934 dans la ville d’Abeokuta, au sud-ouest du Nigeria, Wole Soyinka a grandi dans un environnement où se croisent les traditions yorubas et l’influence coloniale britannique. Très tôt, il se passionne pour la littérature et le théâtre, puis poursuit ses études en Angleterre, à l’université de Leeds, où il affine son écriture et son sens critique. De retour au Nigeria dans les années 1960, il devient une figure majeure du théâtre africain moderne. Ses pièces, comme La Mort et l’Écuyer du roi ou Les Danseurs de la Forêt, s’inspirent des légendes yorubas pour interroger des thèmes universels : la justice, le destin, la tyrannie et la liberté. Son écriture, à la fois enracinée dans la culture africaine et ouverte sur le monde, séduit autant les spectateurs africains qu’internationaux. Mais Wole Soyinka n’est pas seulement un homme de lettres. C’est aussi un intellectuel engagé. Face aux dictatures militaires qui ont marqué l’histoire du Nigeria, il a toujours choisi la résistance. En 1967, en pleine guerre du Biafra, il est arrêté pour avoir tenté de négocier la paix entre belligérants. Il passera près de deux ans en prison, souvent à l’isolement, mais continuera d’écrire clandestinement sur des morceaux de papier de fortune. Sa voix critique lui vaudra d’autres exils, notamment aux États-Unis, mais jamais il ne renoncera à son rôle de conscience africaine. Pour lui, l’écrivain ne doit pas se contenter de raconter, il doit aussi déranger, éveiller et dénoncer. Lorsque l’Académie suédoise lui attribue le prix Nobel de littérature en 1986, c’est une reconnaissance historique. Dans sa justification, elle salue « un écrivain qui, dans une large perspective culturelle, façonne le drame de l’existence avec poésie et vitalité ». Pour l’Afrique, ce Nobel n’était pas seulement une récompense individuelle : il devenait un symbole, une preuve que la richesse littéraire du continent pouvait et devait être reconnue au plus haut niveau. Auteur de nombreuses œuvres dont les plus connues « La mort et l'écuyer du roi » (1975), « Aké les années d'enfance » (1981), Wole Soyinka reste encore aujourd’hui une référence. Ses œuvres, traduites dans de nombreuses langues, continuent d’inspirer des générations d’écrivains africains et d’ailleurs. Son parcours prouve qu’en Afrique comme ailleurs, la littérature n’est pas qu’un art : elle peut être une arme contre l’injustice, un cri de liberté et un phare pour l’humanité.
Jade Ida Kabat Légendes et crédits photo :Wole Soyinka/DR Notification:Non |