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Les Anges

Vendredi 27 Décembre 2013 - 3:44

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Les Anges, qui naissent le 25 décembre 1965, s’inscrivent dans la tradition musicale congolaise inaugurale : la musique vocale. La musique congolaise, on le sait, à l’origine, à la fin des années 1920, est essentiellement vocale, avec une instrumentation sommaire : une guitare et des percussions. Progressivement, elle enrichit sa palette instrumentale. C’est ainsi que naissent les premiers orchestres modernes comme Cercul Jazz, Negro Jazz, Bantous, Novelty, Negro Band, etc.

Au milieu des années 1960 réapparaît la musique vocale par la voix des Cheveux crépus de Jacques Loubelo puis de Joséphine Bijou Mboualé, qui chante en s’accompagnant de la guitare, instrument dont elle a appris le maniement auprès de son compagnon, Boup Ousseinou, ancien sociétaire du Negro Jazz de Joseph Kaba. Cet orchestre a donné à la musique congolaise des artistes de renom, comme Essous, Edo Ganga, Célestin Kouka, Pierrot Loukouamoussou, Nino Malapet, etc. Cette résurgence de la musique vocale est précédée par l’existence de petits groupes, amateurs de crochets radiophoniques.

L’histoire des Pattes tendres, qui débute en 1961, est liée aux crochets radiophoniques réalisés par Joachim Bitouloulou, chef des programmes de Radio-Congo. Il fait chanter, dans ses émissions, des néophytes, parmi lesquels Gérard Kimbolo et Massengo Jean-Pierre, dit Fonctionnaire, accompagnés de leur instrument de prédilection, la mandoline. En 1962, pour leurs prestations, ces deux compères reçoivent le renfort, au chant, de Pierre Sengholt, Toungamani Benjamin et Clotaire Kimbolo. C’est ainsi que commence l’aventure des Pattes tendres. Josys est le compositeur du groupe. C’est le lieu, ici, de rendre hommage à Joachim Bitouloulou, pionnier de la radio au Congo, qui a ouvert ses émissions aux futures graines musicales congolaises, comme Pamelo, Terzief El Diablo, Abel Malanda, Mulélé Foundoux, Jean-Pierre Gombé, etc.

Les Anges, nés sur les cendres des Pattes tendres, font leur sortie officielle le 25 décembre 1965, avec la bénédiction du MNP (Mouvement national des pionniers). Tournant le dos au gospel des débuts des Pattes tendres, les Anges créent un répertoire résolument engagé. Le Congo, au lendemain de la révolution des 13, 14 et 15 août 1963, est caractérisé par un romantisme politique débridé, presque désuet aujourd’hui.

L’histoire des Anges se confond avec celle de la musique congolaise des cinquante dernières années, en particulier avec celle du groupe vocal resté l’apanage de Brazzaville, qui connaît une explosion du nombre des formations de cette obédience musicale. La démonstration de cette exubérance est donnée lors de la première Semaine culturelle en 1967. À cette occasion, le public brazzavillois découvre, entre autres groupes, les Cols bleus de Rigadin Mavoungou, une référence dans la chanson vocale. Maître Alexis-Vincent Gomès a récemment dupliqué les œuvres exceptionnelles de ce groupe mythique, qui est une invitation à leur découverte pour certains, et une redécouverte pour d’autres.

En 1968, Les Anges choisissent d’utiliser une plus grande panoplie d’instruments (orgue, batterie, etc.). Comme les pionniers de la musique, ils procèdent à leur tour à une mutation de leur approche musicale et décident de transformer le groupe vocal en orchestre-ballet. À partir de ce moment, les Anges s’imposent comme le groupe phare dans ce domaine hybride. À l’orchestre, ils empruntent la profusion instrumentale, au ballet le jeu scénique. Les rythmes traditionnels du Congo deviennent alors, pour eux, un puissant vivier d’inspiration. Les Anges se situent entre tradition et modernité. Ibo no lo leande, une composition de Jean-Pierre Gombé, en est la parfaite illustration. Ils ont souvent recours à des compositeurs free-lance.

Pour finir, il faut signaler que l’histoire des Anges est marquée par le passage de plusieurs artistes : Pie Aubin Mabika, Zao et Nina, pour ne citer que ceux-là. Le nom de la chanteuse Nina est intimement lié à celui des Anges qui ont mis en exergue ses talents et contribué à sa renommée musicale. Son interprétation de Mama éé, une œuvre de Guy-Léon Fylla, est remarquable, à tous points de vue.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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