Musique Afro-pop : des réactions sur les décès de Aurlus Mabélé et Manu Dibango

Mercredi 25 Mars 2020 - 18:45

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Les décès de ces deux artistes qui ont marqué l’histoire de la musique africaine à travers le monde n’ont pas laissé insensibles les culturels congolais. Le ministre de la Culture et des Arts Dieudonné Moyongo, le patriarche de la musique congolaise Edo Ganga, et l’ancien commissaire général du festival panafricain de musique (Fespam) de 2003-2005 Ferréol Constant Patrick Gassackys, ont réagi.

Le ministre Dieudonné Moyongo de la Culture et des Arts a réagi sur la disparition de ces deux artistes, suite à l’épidémie du coronavirus. Pour lui, Aurlus Mabélé et Manu Dibango étaient tous deux des rois. Le premier était le roi du Soukous qui a fait danser le Congo, l’Afrique et l’Europe, les Antilles, alors que le second, donc Manu Dibango, était le roi du Soul Makossa. Ces deux artistes, dit-il, ont été tués par le « coronavirus », le premier parce que malade depuis quelque temps et le second par la vieillesse.

C’est une grande perte pour l’Afrique que de perdre ces deux grands artistes de la musique africaine moderne. Manu Dibango connaissait toutes les sortes de musique, et était le précurseur de la world musique. Ces deux stars de la musique africaine vont léguer à la postérité ces deux éléments du patrimoine culturel immatériel, a-t-il poursuivi.

Le patriarche de la musique congolaise moderne, Edo Ganga, 87 ans, un an de plus que Manu Dibango, a regretté lui aussi la mort de celui qu’il a affectueusement côtoyé. « J’ai connu Manu Dibango dépuis qu’il était arrivé pour la première fois à Kinshasa. On a vécu ensemble. On a eu de très bonnes relations avec des amis comme, Jean Serge Essous dit Trois S, Nino Malapet, Kouka Célestin, et autres… Malheureusement, il vient de rejoindre les autres. Je regrette énormément cette disparition. »

L’ancien commissaire général du Fespam, Ferréol Gassackys, qui a connu Manu Dibango pour avoir bercé sa jeunesse, et pour l’avoir côtoyé, a lui aussi réagi. Manu Dibango, était un grand homme, une discothèque, une discographie à lui seul. C’est quelqu’un qui a bercé leur jeunesse dans les années 70-80 avec son titre éblouissant “Chouchou”, dit-il.  

Quant à son patrimoine musical, Ferréol Gassackys dit qu’il l’a fortement développé au niveau des deux Congo. Parce que dans les années 50, Manu Dibango était au Congo-Léopoldville actuelle République démocratique du Congo (RDC), c’est là-bas qu’il a affuté ses armes aux côtés de Djef Kabaselle « Grand Kalle », Tabu Ley, Jean Serge Essous Trois S…

Manu Dibango un artiste affable, Aurlus Mabélé le précurseur du Soukouss

Pour Ferréol Gassackys, Manu Dibango était un artiste disponible, affable rempli de bonhomie, qui avait une relation non oxydable avec les gens. Très paternel, les gens aimaient beaucoup l’entendre parler, parce qu’il avait le verbe facile.

« Lorsqu’il a fallu donner une certaine connotation au Fespam, le président de la République, chef de l’État, Denis Sassou N’Guesso, m’avait confié cette responsabilité. Avec le ministre de la Culture et des Arts de l’époque, Jean Claude Gakosso, nous avions eu beaucoup de plaisir à rencontrer Manu Dibango à Paris (France). Quand il est venu au Fespam 2003, c’était l'homme le plus simple, parce qu’il était convoité un peu partout, et très sollicité. Il crée la bonne ambiance », a témoigné le commissaire général du Fespam de l’époque.

Du point de vue musical, a souligné Ferréol Gassackys, Manu Dibango est le précurseur de la world music. En 1980, il avait créé le Soul Makossa qui a été repris par Michael Jackson. C’est l’un des pères de la world music qui a permis le brassage des différents genres musicaux. Si l’Amérique avait leur Miles Davis, l’Afrique avait son Manu Dibango, qui jouait à plusieurs instruments.

Comme Manu Dibango, Aurlus Mabélé a brillé lui aussi de mille feux à travers la musique. Il a fait ses beaux jours de la rumba congolaise, parce qu’il était précurseur à sa manière de cette rumba à travers le Soukouss, qu’il a pu distiller, véhiculer à travers l’Europe, l’Occident, les Antilles. C’est quelqu’un qui était très apprécié pendant plus d’une décennie. « Quant à l’hommage, je pense que le plus important, c’est ce que nous ressentons. Quand son temps le permettra, nous les culturels et opérateurs culturels, allons leur rendre un hommage mérité à la hauteur de ce qu’ils ont apporté réellement à la musique à titre posthume, à travers le ministère de la Culture et des Arts », a-t-il suggéré.

En sa qualité de député de la République, Ferréol Gassackys, a appelé la population congolaise à prendre conscience de ce satané virus qui a causé la mort de ces deux artistes. « Nombreux pensent que cette pandémie ne touche que la peau caucasienne donc la peau blanche, en réalité elle touche tout le monde et n’épargne personne. Pour preuve, Aurlus Mabélé et Manu Dibango ont été terrassés par ce satané coronavirus. C’est pourquoi j’en appelle tout le monde à faire attention et à respecter les consignes données. »

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Aurlus Mabélé (crédit photo/ DR) Photo 2 : Manu Dibango (crédit photo/ DR)

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