Musique panafricaine : la pop nigériane mène la révolutionSamedi 18 Novembre 2017 - 7:13 De Guinée au Mozambique, du Botswana au Kenya, Davido, star de l'afropop et icône des jeunes Africains, parcourt le continent en jet privé et reçoit partout le même accueil : des stades remplis à craquer et des foules en délire.
L'AfroBeats (avec un 's'), nom donné en hommage à l'Afrobeat (sans 's') des années 1970, est né il y a une petite dizaine d'années avec les pionniers 2Face, D'Banj ou P-Square. Internet et les chaînes satellites ont fait le reste. « Les chaînes musicales telles que MTV (USA) ou Channel O (Afrique du Sud) ont eu un grand impact », explique Efe Omorogbe, manager de 2Face et directeur du label Now Muzik Limite. « Pour la première fois, tu pouvais être assis dans ton salon en Afrique du Sud et regarder les clips des artistes nigérians.» Dans leur sillage, TRACE, chaîne française, est née et a lancé TRACE Naija (Nigeria en argot) il y a deux ans avec environ 60% de musique nigériane, ainsi que TRACE Africa, l'une des chaînes les plus populaires en Afrique francophone, où environ un tiers de la programmation est exclusivement nigériane. Ma chérie de Soweto « Ces chaînes ont totalement cassé les frontières », poursuit le manager. « Musicalement, l'Afrique ne fait plus qu'une. » La multiplication de festivals ou d'évènements tels que les Afrima permettent également aux artistes de se rencontrer, d'échanger et de faire de plus en plus de duos. Wizkid chante désormais "My Soweto Baby" (ma chérie de Soweto, le grand township de Johannesburg) avec le DJ sud-africain DJ Buckz. L'Ivoirien DJ Arafat et le Nigérian Iyanya rythment leur tube "Fever" (la fièvre) en appelant "Abidjan, Côte d'Ivoire, Nigeria" à danser ensemble.
Si les artistes pop africains se battent pour réaliser des duos avec les Nigérians, c'est qu'ils espèrent percer ce marché gigantesque de 190 millions d'habitants, où la musique est omniprésente dans la vie quotidienne. « Les plus petits marchés regardent vers le Nigeria, les Tanzaniens ne peuvent pas faire de la musique que pour les Tanzaniens s'ils veulent en vivre », note Oris Aigbokhaevbolo, journaliste musical pour Music in Africa. « Mais les Nigérians sont très fiers de leur musique et sont résistants à tout ce qui vient de l'extérieur ». Au Nigeria, la musique est un business, où sponsors et mécènes investissent des centaines de milliers de dollars pour financer un concert. Sony et Universal, en signant avec Wizkid, Davido ou D'Banj se sont enfin tournés vers la musique pop et non plus la "world music" de Salif Keita ou Youssou N'Dour pour conquérir un marché 100% africain. La manne financière est considérable. « Ils sont tous sur les dents maintenant pour signer des contrats » avec les artistes nigérians, observe Hugo Claveau de TRACE TV. « Mais les mecs ont développé leur business tout seuls, ils ont conquis le continent et n'ont pas besoin d'eux pour remplir des stades en Afrique », poursuit-il. « Ce qu'ils veulent désormais, c'est s'exporter vers les États-Unis ou l'Europe mais, pour ça, les grandes majors restent encore frileuses ». D'après AFP Légendes et crédits photo :Légende image 1 et 2 : Davido et Wizkid du Nigeria
Légende image 3: L'ivoirien Dj Arafat Notification:Non |