Numéro spécial Francophonie : Entretien avec Son Excellence M. Macky Sall, président de la République du Sénégal

Mercredi 19 Novembre 2014 - 16:00

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Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le président de la République, votre pays, le Sénégal, accueille le XVe sommet de la Francophonie, avec, en vue, la succession au poste de Secrétaire général de votre compatriote et aîné, le président Abdou Diouf. Quel bilan faites-vous de ses douze ans à la tête de l’OIF ?
Son Excellence M. Macky Sall : Il ne m’appartient pas de faire le bilan de l’action du président Abdou Diouf à la tête de la Francophonie. L’institution elle-même et la communauté francophone se chargeront de cette tâche importante, car le bilan est un point d’appui pour avancer. Il permet de situer les acquis et d’apporter des améliorations aux aspects qui ont été moins performants. On peut retenir toutefois, de l’avis de tous par ailleurs, que le Secrétaire général Diouf a donné à la Francophonie beaucoup plus de visibilité et, surtout, lui a permis d’avoir un positionnement efficace sur la scène internationale sur les questions de démocratie, de médiation, d’accompagnement des processus électoraux, entre autres.

Vous êtes le président de ce XVe sommet de la Francophonie. Quels sont les objectifs du sommet ?
Le sommet fera le point sur la situation dans notre espace commun. Nous identifierons ensemble les préoccupations et prendrons les décisions appropriées. L’occasion sera saisie pour apprécier les cas de crise, mais aussi pour saluer les progrès dans certains pays, à l’image du Burkina Faso qui, comme vous le savez, a réussi sa transition. Naturellement, le thème du sommet, axé sur la question des femmes et des jeunes en rapport avec la paix et le développement, sera traité, et les chefs d’État et de gouvernement formuleront des orientations stratégiques, dont la Déclaration de Dakar, principalement, et les résolutions rendront compte. Comme vous le savez, certains pays de l’Afrique de l’Ouest sont touchés par la maladie à virus Ebola. Nous en parlerons et, le cas échéant, envisagerons les mesures les plus adéquates pour contribuer aux efforts de la communauté internationale.

La Francophonie est une réalité internationale qu’il faudra confirmer à Dakar. Il conviendra également qu’elle se fixe de nouveaux défis. Quel sera l’apport de l’Afrique, alors qu’elle ne constitue pas encore une force sur la scène internationale ?
L’Afrique, a-t-on dit et répété, est l’avenir de la Francophonie. D’abord, par la jeunesse de sa population et l’évolution du taux de croissance des locuteurs, l’Afrique demeure un bastion considérable. Ensuite, notre continent recèle des potentialités économiques immenses dans un contexte où on parle de la dimension économique de la Francophonie. Le sommet de Dakar adoptera d’ailleurs une stratégie économique en même temps qu’une stratégie jeunesse. De l’avis de tous les observateurs, l’Afrique est promise à être un pôle important dans les relations internationales.

Le thème du XVe sommet de la Francophonie porte sur  : vecteurs de paix, acteurs du développement ». Quels sont les défis et opportunités pour faire de ces deux catégories, aujourd’hui marginalisées, une force ?
Le Sénégal a proposé ce thème, qui a été adopté à l’unanimité par la communauté francophone. Le constat est le même partout que le poids démographique des femmes et des jeunes constitue une opportunité en même temps qu’une menace. S’ils sont au cœur des politiques publiques, s’ils bénéficient d’une formation de qualité et s’ils sont mobilisés, ils constituent incontestablement un levier essentiel pour le développement. En revanche, s’ils sont laissés dans la marge, ils peuvent être des forces de déstabilisation. J’estime que nous devons renforcer les capacités des jeunes et des femmes, favoriser leur accès à l’éducation et la formation, créer les conditions pour l’emploi et l’insertion économique, favoriser également leur accès à la santé, à la culture et à l’espace public afin qu’ils puissent participer effectivement à la vie de leur pays.

L’OIF désignera son troisième Secrétaire général à Dakar. Quels peuvent être les critères, consensus et objectifs déterminants pour ce choix ?
Les chefs d’État et de gouvernement décideront ensemble, par consensus, nous le souhaitons, du choix d’un des candidats en lice. En tant que chef d’État du pays hôte, je travaille pour ce consensus. Dans tous les cas, le futur Secrétaire général bénéficiera de notre appui pour relever les défis, préserver les acquis et faire avancer l’organisation afin qu’elle soit encore plus présente sur la scène internationale.

Propos recueillis par Noël Ndong