Prison de Makala : évasion spectaculaire du gourou Ne Muanda Nsemi

Mercredi 17 Mai 2017 - 16:45

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Le leader spirituel de Bundu dia Kongo s’est évadé du centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (ex-prison centrale de Makala) aux petites heures de ce mercredi 17 mai.

Les habitants de la commune de Sélembao se sont réveillés ce mercredi 17 mai dans une atmosphère de panique générale suscitée par l’évasion, tôt le matin, d’une cinquantaine des détenues de l’ex-prison de Makala. Ceux dont les logements sont situés dans les périmètres de ce centre pénitentiaire étaient, jusqu’en début d’après-midi, sous l‘emprise des forces de l’ordre qui, dans la foulée, avaient bouclé les alentours de la prison interdisant l’accès à toute personne. Même ceux qui venaient s’enquérir du sort de leurs proches étaient carrément priés de rentrer.  Un imposant cordon de dizaines de policiers et militaires campaient autour du bâtiment jusque dans les avenues avoisinantes.

Cette évasion des prisonniers a pris une connotation particulière simplement parce que dans le lot des évadés, l’on compte la présence de Ne Muanda Nsemi, le leader de Bundu Dia Kongo arrêté début mars après deux semaines de siège de sa résidence à Kinshasa pour outrage au chef de l’Etat. Alors qu’on attendait qu’un procès en bonne et due forme soit organisée pour que justice soit faite, l’intéressé vient, contre toute attente, d’être exfiltré par ses miliciens aux petites heures de ce 17 mai. D’après des sources, les assaillants munis d’armes de guerre étaient près d’une centaine à avoir pris d’assaut la prison jusqu’à y pénétrer après avoir réussi à maitriser la garde. Il s’en est suivi un vif échange des tirs d’armes automatiques entre les miliciens et les unités de la sécurité trouvées sur les lieux. Dans la confusion qui s’est ainsi déclarée, un groupe de miliciens réussiront à fendre un coin du mur de la cellule qu’occupait le gourou. Ce dernier sera alors extrait et, dans la débandade, plusieurs autres prisonniers saisiront l’occasion pour s’échapper.

Aucun bilan humain n’a été dressé par les sources pénitentiaires. Toute la journée de mercredi, l’on évaluait les dégâts. Mais d’après le ministre de la Justice qui s’est exprimé par la voie des ondes quelques heures après l’événement, le chef des opérations de la police attaché à la prison a été pris à partie par les miliciens de Bundu dia Kongo et serait grièvement blessé. En outre, a-t-il précisé, le bureau administratif de la prison a été incendié ainsi que de nombreux véhicules présents sur le site. Des sources divergent cependant sur le nombre des morts. Un seul pour les uns et plusieurs sans autre précision pour d’autres.

L’autre inconnue concerne le nombre des prisonniers évadés. Des dizaines de détenus parmi lesquels des partisans de BDK, à en croire le ministre Alexis Tambwé Mwamba, et une centaine selon d’autres témoins. Toutefois, a précisé ce membre du gouvernement, aucun des prisonniers politiques dits emblématiques ne s’est échappé pendant cette attaque planifiée de la prison. Et de rassurer que « l‘arrestation du fugitif Ne Muanda Nsemi n’est qu’une question d’heures et très vite la police mettra la main sur lui ». L’alerte a déjà été lancée avec le signalement des prisonniers évadés, a-t-il dit, tout en ajoutant qu’un recensement est en cours pour identifier les fugitifs.

Pour rappel, le chef spirituel Ne Muanda Nsemi est accusé d'avoir mené une série d'attaques meurtrières contre des symboles et des représentants de l’État en janvier et février 2016. Il a été arrêté début mars pour avoir appelé à un soulèvement contre les institutions de la République. 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Ne Muanda Nsemi

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