Raymond Nti : « L’objectif de cette série de concerts, c’est d’abord la réconciliation et la paix et non le dénigrement des artistes »

Samedi 11 Janvier 2014 - 9:12

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Au regard de tout ce qui s’est dit sur Roga-Roga, patron de l’orchestre Extra Musica Zangul, pièce maîtresse de ce concert de réconciliation, l’administrateur-secrétaire général de ce groupe a, dans une interview accordé aux Dépêches de Brazzaville, éclairci les choses tout en précisant qu’il y avait eu une véritable cabale contre le chevalier Roga-Roga. En dépit de cela, le patron du groupe Extra Musica Zangul est d’avis, comme les autres, de poursuivre la série des concerts, mais en y mettant d’abord de l’ordre. Pour cela, il faut s’asseoir, pense-t-il

Les Dépêches de Brazzaville : L'artiste que vous représentez aujourd’hui a été pointé du doigt pour avoir boycotté le concert d’Extra Musica réunifié de Pointe-Noire. Pourquoi s’est-il comporté ainsi ?
Raymond Nti : En tant que secrétaire général d’Extra Musica Zangul et en tant que chargé de la communication de Roga-Roga, je vous dis que ce genre de discours ne nous surprend pas, parce qu’aujourd’hui Roga-Roga est le leader, il est l’icône de la musique congolaise et chevalier dans l’ordre du Mérite congolais. À ce titre, il est une étoile, et comme tout le monde le sait, les étoiles sont toujours combattues. Donc, cela ne nous surprend pas qu’on jette toujours l’anathème sur Roga-Roga. Mais, je vous dis que s’il y a eu un couac, notre artiste n’y est pour rien, c’est plutôt la faute des organisateurs.

Que s’est-il passé ?
Je tiens d’abord à vous dire que mon rôle a été de préparer l’arrivée de Roga-Roga au site du concert et également d’organiser sa montée sur scène. Roga-Roga a reçu le programme donné par la direction artistique, notamment Durhel Loemba et Espé Bass, qui lui ont fait comprendre que ce concept avait trois phases, c’est-à-dire la génération qui va de : Nouveau Missile à Ouragon ; d’État-major à La Main noire ; et de Sorcellerie kindoki à nos jours. Toutes ces étapes devraient se dérouler en une heure. Puis Roga-Roga a demandé à la direction artistique comment cela devrait se passer surtout en ce qui le concerne… C’est eux qui lui ont dit qu’il n’allait intervenir qu’à la troisième partie. Et pendant cette partie, il allait tenir la guitare et jouer la chanson Succès Extra ou Lossambo qui devait rassembler tous les anciens avec lui. C’est donc le programme qui a été retenu d'un commun accord entre la direction artistique et l’artiste Roga-Roga en ce qui concerne sa prestation.

Mais pourquoi le public est-il monté contre l’artiste ?
Mais qu’avions nous constaté ?  Nous avions constaté que lorsqu’il y a eu la deuxième chanson de ce spectacle, certains anciens ont voulu voir Roga-Roga à la guitare, alors que ce n’était pas prévu de la sorte par la direction artistique. C’est de là que les échauffements ont commencé tant au niveau des artistes que des spectateurs. Ce qui a fait qu’à la montée de Roga-Roga, il y a eu des cris, des boutades. Heureusement qu’il avait la maîtrise de soi, et n’a pas baissé le moral. Il a tenu le coup jusqu’à ce qu’il change la fréquence sur scène avec la chanson Sorcellerie kindoki, et du coup, le public a commencé à danser tant qu’il a continué sa production. Mais sauf qu’ils n’ont plus joué la chanson Lossambo ou Succès Extra tel que prévu. Cela veut dire que s’il y a eu couac, la faute n'en revient pas à Roga-Roga, mais à l’organisation. Car l’artiste s’est contenté du programme qui lui avait été donné par la direction artistique composée de Durhel Loemba et Espé Bass. Il reste à savoir si les organisateurs maîtrisaient la programmation faite par la direction artistique ?

Pensez-vous qu’il y a une cabale contre Roga-Roga ?
Bien sûr que oui. Déjà que certains étaient venus avec de mauvaises intentions. Il suffit également de voir ce qui s’est passé après l’événement pour comprendre qu’il y a eu une véritable cabale. Certains médias ont mis en boucle l’incident pour noircir Roga-Roga. Et on peut se demander dans quel intérêt, dans quel objectif ? Certaines personnes ont continué à passer dans les médias pour ne pas donner la vraie information, alors qu’il suffisait d’interroger la direction artistique pour avoir la vraie version. Les gens oublient que si Roga-Roga avait refusé de signer le contrat, ce concert n’aurait pas eu lieu. Il avait donné son quitus, c’est dire qu’il était d’accord pour jouer avec les autres. Pour preuve, nous avions annulé nos deux productions prévues au Cameroun les 27 et 28 décembre 2013, au détriment de l’événement que nous avions jugé national. Ce concert de réconciliation avait un intérêt pour nous, pour Roga-Roga qui est chevalier dans l’ordre du Mérite congolais. Je pense que l’objectif est d’abord la réconciliation et la paix, et non le dénigrement. Ce concept n’a pas besoin de ça. 

Comment entrevoyez-vous la suite du programme ?
Au regard de tout ce qui s’est dit contre Roga-Roga, il va falloir que l’on s’assoit. Parce que nous avons comme impression que le concept n’est pas bien compris par tous les participants. Les 20 ans, c’est tout le monde, c’est-à-dire les anciens et les nouveaux et non seulement les anciens. Il y a des gens qui ne considèrent pas la nouvelle génération comme Extra Musica. Les organisateurs doivent être stricts là-dessus et surtout bien recadrer les choses. Ils ne doivent pas non plus continuer à caler les dates sans nous associer. Nous avons un programme et surtout un album qui doit sortir incessamment, notamment le 14 février date à laquelle ils ont fixé la date du concert de Brazzaville. Nous sommes un groupe organisé et voulons bien nous produire le 14 février pour nos mélomanes, mais voilà qu’ils fixent la date de façon unilatérale. Nous avons donné notre quitus pour jouer à Brazzaville, mais le choix de la date doit être d'un commun accord par rapport aux programmes des groupes, des uns et des autres. Brazzaville a eu trop de reports, nous ne voulons plus que cela se reproduise.

Propos recueillis par Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le chevalier Roga-Roga arborant les couleurs nationales. (© DR) ; Photo 2 : Raymond Nti à gauche, Roga-Roga à droite et le feu Nino Malapet, l’un des doyens de la musique congolaise au milieu. (© DR)