Rencontre : le carnaval de Barranquilla exhibe à Brazzaville ses origines culturelles africaines

Mercredi 18 Septembre 2013 - 17:31

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Brazzaville accueille du 8 au 10 octobre un évènement culturel unique dans son genre, le carnaval de Barranquilla. Outre danser ou chanter, des thèmes seront développés pour approfondir les liens qui unissent  la culture congolaise à celle de Colombie. Avec fierté et honneur, Clara Ines Chavez explique en quelques lignes que son pays doit beaucoup à l’apport culturel africain et de bien d’autres contrées

Les Dépêches de Brazzaville : La promotion de la culture africaine, congolaise en l’occurrence, au service du développement durable, tel est le thème de l’événement que vous organisez. Vous y croyez vraiment ?
Clara Ines Chavez : Cette activité est basée sur le développement culturel, un événement international qui profitera beaucoup aux pays africains dans leur ensemble. Ce sera la première fois que la théorie sera mise en avant comme étant le quatrième pilier du développement durable qui pourra du moins être tangible à travers le carnaval de Barranquilla. C’est le seul carnaval en Amérique latine qui figure comme patrimoine oral et matériel inscrit à l’Unesco et dans lequel nous montrons notre identité culturelle entre la Colombie, le Congo et l’Afrique. C’est un projet de la valeur africaine, de la diaspora africaine en général.

LDB : Ce projet riche et complexe. Vous avez réussi à le mûrir en combien de temps? Combien de temps cela vous a-t-il pris avant de le présenter ?
CIC : Sur la Colombie, j’avais déjà présenté un projet en 2011, le sujet était lié à la paix. Aujourd’hui j’aborde un autre sujet qui est celui de la promotion du patrimoine culturel congolais au service du développement durable, thème général d’ailleurs retenu. J’ai travaillé sur ce projet pendant plus d’une année et demie. J’ai commencé à rencontrer des institutions capables de soutenir ce projet très noble, des entreprises ont été très réceptives. Bon nombre en ont compris l’importance, comme l’Unesco, le Fespam, le ministère de la Culture, et même l’épouse du chef de l’État, marraine de l’événement, enchantée en ce que cela touche de près le Congo. Un autre argument a été de montrer que de nombreuses femmes africaines sont entrées dans l’histoire. Par exemple, chez nous en Colombie, nous devons notre indépendance aussi à des combattantes d’origine noire, africaine. Cet héritage important, commun, qui nous lie aujourd’hui, nous allons en marge du carnaval de Barranquilla le restituer au travers des thèmes. D’autres personnes ont travaillé autour de la mémoire de la diaspora africaine. Il y a eu Toto la Monposina ainsi que Delia Zapato (décédée), des artistes qui ont tenté de retransmettre l’héritage culturel africain au travers de la danse et de la chanson. Ces femmes colombiennes très connues chez nous l’ont transmis avec beaucoup de fierté et font partie de notre histoire, de notre négritude.

LDB : Qu’est-ce qui se fera après le Carnaval ? Ce travail que vous faites mérite d’être écrit, de figurer dans des actes… Comment entendez-vous participer à cet autre travail-là ?
CIC :C’est une tâche importante de mettre en forme ce projet et de parvenir dans les jours qui viennent à le présenter. Pour la suite, le travail de mémoire qui sera à faire nous appartient à tous, promoteurs culturels, journalistes et même les passionnés qui voudront rendre inoubliables les moments que va bientôt connaître Brazzaville avec l’arrivée du carnaval de Barranquilla. Mon souhait est de ne pas interférer dans ce travail de mémoire que feront les uns et les autres. Les gens sont libres de s’inspirer au mieux de cet événement. C’est une chaîne, chacun a sa contribution à apporter.

LDB : Pouvez-vous nous expliquer qu’elle est la particularité de ce carnaval de Barranquilla, que vous entendez sous peu présenter aux Congolais ?
CIC : Le carnaval de Barranquilla nous vient de la ville qui se trouve dans la région caraïbe de Colombie, ville particulière où furent construits les premiers ports de l’Amérique latine. Un autre élément important est que ce carnaval appartient au patrimoine mondial de l’Unesco, et la Colombie a reçu l’apport de plusieurs autres cultures, par exemple le Kikongo est parlé aussi chez nous, bien sûr par une minorité (rires). Les Britanniques ont également laissé leur empreinte, les Espagnols, les Français, les Belges également, mais aussi les Africains des Caraïbes. Toute cette culture migratoire a influencé ce que nous voyons aujourd’hui et ce n’est pas si mal, c’est un plus, une fierté que nous souhaitons partager, d’ailleurs nous nous reconnaissons comme étant un pays multiculturel. Le carnaval vient donc pour montrer ses racines, il est composé de plusieurs troupes, celle que les Congolais auront le plaisir de découvrir appartient aux origines africaines ou caribéennes.

LDB : Un dernier mot, Clara Ines Chavez, sur le programme de ces journées culturelles ?
CIC : Deux conférenciers de haut niveau de Colombie effectueront le voyage et lanceront ces journées culturelles de Brazzaville. Il s’agit de l’ex-ministre d’État Manuel Rodriguez Becerra, une personne bien assise sur les questions de développement durable, un vrai leader considéré en Amérique latine. Également sera présente une autre spécialiste de renom, Martha Luz Machado, sociologue de la diaspora africaine. Du Congo, le professeur Kadima Nzuji nous entretiendra sur l’intégration culturelle. Le vrai mot de la fin, c’est dire qu’il est prévu une soirée de gala, payante mais à des prix modérés, et le montant collecté viendra soutenir l’Institut Ephrata qui accueille des enfants sourds et muets.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta