Slam : « 450=1 », un hymne de la lutte pour la cohésion nationale

Jeudi 12 Mai 2022 - 18:25

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Le slameur Yekima tient son featuring avec Jean-Claude Eale, patron du groupe de communication et marketing CMCT TCG, pour leur « modeste contribution dans la lutte contre le tribalisme ».

Yekima lance l’appel à l’unité et la lutte contre le tribalisme (DR)En ligne depuis le 1er mai, la vidéo, en une semaine, a battu le record d’audience personnel de Yekima en totalisant 50 000 vues sur YouTube et  avoisine maintenant les 65 000 vues ! Il ne fait aucun doute que le discours de son nouveau slam reçoit un très bon accueil du public. Le « Clip-concept 450=1 (Bomoko) », comme il le nomme lui-même, est assurément dans l’air du temps. Ce morceau que Monsieur le Poésident appelle « notre modeste contribution dans la lutte contre le tribalisme » emporte une adhésion totale du public. Et pour cause ? En parlant des 450 ethnies du Congo comme étant un seul peuple tel qu’il le fait ne peut que recueillir le consentement de tous. Il tombe pile. En ce moment, à la spirale meurtrière qui s’emballe de plus belle dans l’est s’ajoutent certains discours haineux faisant l’effet de cette goutte d’huile qui vient attiser le feu du tribalisme au Katanga.

Un appel à l’unité et à la cohésion nationale, ce l’est avant tout mais aussi un « Stop au tribalisme ! » dit avec l’espoir de rencontrer la sensibilité de plusieurs à agir, déjà en brisant le silence. Oui, ainsi que le dénonce le refrain : « Tozomona tozotala kaka boye (Nous voyons et regardons de marbre)/ Ezopusana ezokoma (ezovimba) mabe, Tobeta tangua (Cela se rapproche, cela prend de nouvelles proportions, s’envenime, Sonnons l’alerte/ Bomoko, bomoko, bomoko (Unité, unité, unité) ».Les guerriers, gardiens de la tradition et du peuple (DR)

Complices actifs ? Acteurs passifs ?

Cette diversité à conserver symbolisée par les masques portés par « les guerriers », à la fois gardiens des traditions et du peuple dès l’entame de la vidéo, est le devoir de tous. Diversité une fois de plus clamée le bras levé dans l’introduction « Loboko nanga eza misapi mitano (Ma main comporte cinq doigts), Molayi moko te kasi na nzoto moko (Ils ne sont pas de longueur égale mais dans un même corps), Moko oh bomoko oh ho ! (Un, unité ! ) ». Ces parties en lingala de la plume de Yekima sont en écho au reste du texte de Jean-Claude Eale qui traduit l’incompréhension de cette ère innommable. En effet, il y a lieu de s’interroger bien sérieusement. Yekima nous renvoie dans la figure la situation que l’on laisse pourrir, «  D‘où naissent ces émotions et ces palpitations haineuses ? Qui orchestre ces innommables et sinistres projets ? À qui profite cette spirale inouïe de violences odieuses ? Qui sont ces monstres, auteurs de ces actes abjects ? ». La litanie des mots qui n’en finissent pas, s’égrène au fil des jours, des ans, que décrit le slameur, « Par notre silence/ Ne sommes-nous pas tous des complices actifs ? Acteurs passifs ? ». Des questionnements légitimes adressés à la nation entière. Car, on le voit bien pourtant  : « De l’est au sud, en passant par l’ouest et le nord du Congo/ La terre, gorgée de sang d’innocentes victimes, devient pourpre /À bien d’endroits, à travers le pays, tapissée des cendres de ses fils/ Elle est noirâtre ».

  Les citoyens représentés diversement (DR)Le piège serait de se laisser emballer par la musique non pas que l’on fasse fi de l’arrangement mélodieux du grand Lokua Kanza. Rendu par les chœurs de Laëtitia Lokua et Pamela Baketana, il agence avec maestria les images aux contours du discours, certes. Mais il y a plus à retenir de cette vidéo. L’appel à l’unité, à la fin des violences, à considérer la beauté de la diversité n’est que trop d’actualité et requiert un ralliement qui ne peut s’obtenir qu’avec la volonté de s’investir tous et chacun pour la vie de la nation aujourd’hui mais qui demain risque de se muer en lutte pour la survie ! Tous et chacun, citoyens représentés diversement par les acteurs du quotidien imagés. Ce sont notamment prêtés à cet exercice figuratif des personnages connus représentatifs de la nation congolaise voulue unie dans sa diversité, le Dr Henri Kalama (professeur), Romain Ndomba (Dr D. Mukwege), Roch Bodo Bokabela (artiste ), Félix Kisabaka (jeune), Moyindo Mpongo (principal gardien), Jonathan Bilari ( politicien), Ronsia Kukiel (griot), Eric Nice (citoyen lambda) et Claver Nakebadio (lumière de l’unité).

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1- Yekima lance l’appel à l’unité et la lutte contre le tribalisme / DR 2 - Les guerriers, gardiens de la tradition et du peuple / DR 3 - Les citoyens représentés diversement / DR

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