Opinion

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Théophile Ndalla dit Gwassa

Jeudi 13 Novembre 2014 - 17:07

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Gwassa est mort le 1er novembre 2014 à Casablanca au Maroc. C’est un pan entier de la danse moderne congolaise qui vient ainsi de s’écrouler. Des décennies durant, il a incarné cette activité avec d’autres illustres figures trop tôt disparues : Siatis, Oro, Molinard, Callafard, etc. Ndalla Théophile, c’est son nom. Dufour et Gwassa sont ses pseudonymes. Il est né à Brazzaville, le 4 février 1947. Fils de Ndalla Pascal et de Souenita dia Biza, il est retraité du Centre hospitalier universitaire où il a passé toute sa carrière professionnelle. Mais sa passion, c’est la musique et la  danse. Singulièrement. 

Gwassa, je le découvre en 1969, au retour des Bantous de la capitale, du Festival panafricain d’Alger, auréolé d’une médaille de bronze. L’Algérie a remporté la médaille d’or, tandis que le Bembeya Jazz de la Guinée-Conakry, a obtenu la médaille d’argent. Tel est le palmarès de la musique moderne lors de ce festival. Gwassa, accompagné de Mbimi, Bringo, Wello, Youlou Morin, Evelyne Ngongolo, Angèle Moussounda, Bobo et Clotilde alias Bouton doré, sous le label Les Bouchers, avait fait partie de cette glorieuse équipée. Dimanche 23 et lundi 24 juillet 1969, il s’était produit avec les Bantous de la capitale au Cinéma Africain et avait régalé le public algérois de multiples danses au programme, Boucher, Yéké Yéké, Kiri Kiri, etc. Cette participation au Festival d’Alger reste sans conteste le fait d’armes référentiel de Théophile Ndalla alias Gwassa.

Pour mémoire, il faut rappeler que le festival d’Alger a eu lieu, du 21 juillet au 5 août 1969. Le Congo y est représenté par 63 artistes conduits par Henri Lopès, ministre de la Culture, Maxime Ndebeka, directeur général de la Culture, Clément Ossinonde, président de l’Umc. Les Bantous de la capitale représentent le Congo dans la musique moderne. Édo ganga, Célestin Kouka, Pamelo, Côme Moutouari dit Kosmos et Théophile Bitsikou (chant) ; Gerry Gérard Biyela (guitare solo), Joseph Samba Mascott (guitare d’accompagnement), Passi Mermans (guitare mi-solo), Alphonse Taloulou (guitare basse) ; Nino Malapet, chef d’orchestre (saxo) ; Nona Arthur (clarinette et saxo) ; Samuel Malonga dit Sammy trompette ; Saturnin Pandi (tumbas) Siméon Malonga Ricky (batterie), Gilbert Abangui (technicien installateur).

Outre les Bantous, la délégation congolaise comprend : le groupe vocal Les Élus, Franklin Boukaka et la Sanza, les Balafonistes de la Sangha, le groupe folklorique de Mbomou, le Ballet moderne Les Bouchers, le Théâtre national. Une exposition des arts plastiques complète la participation congolaise.

Les Bantous, alors, se produisaient à l’auberge des jeunes, tous les dimanches après-midi. C’était l’époque où Brazzaville vibrait au rythme de ses deux distractions favorites, le football et la musique. Alors que les amoureux du football trépignaient dans les travées du stade de la Révolution, actuellement stade Alphonse Massamba-Débat, les mélomanes, eux, se trémoussaient sur la piste de l’Auberge des Jeunes sur les airs  d’Henriette Bouzitou, Lisie, Amour Folie Clara, Amen Maria, Angeline, Josia Jee, etc. Gwassa, avec un égal bonheur, exécutait toutes les danses : jerk, rumba, boléro, tango. À cette époque, le répertoire de nos orchestres était éclectique. Mais c’est surtout au moment où les Bantous de la capitale entamaient Dulce con Dulce, un titre de Pacheco, que Gwassa démontrait l’étendue de ses talents de danseur. Voir danser ce virtuose était un délice d’esthète. Le geste ample, fait d’arabesques, dégageait une élégance extraordinaire, tel était le jeu de Gwassa, merveilleux danseur.

Depuis des années, Gwassa a créé une école de danse et de mannequinat qui a vu passer une foule de jeunes gens qui prendront, assurément, la relève. Auront-ils les armes et les atouts du maître ? Rien n’est moins sûr. Adieu l’artiste.

 

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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