Zone économique spéciale de Pointe-Noire : plus de 80 milliards FCFA pour l’expropriation

Lundi 14 Juin 2021 - 17:45

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D’une superficie combinée de 29 km2, la zone économique spéciale de Pointe-Noire coûtera environ 80 milliards FCFA à l’Etat pour l’expropriation des zones dûment identifiées. Sur cette enveloppe, quatre milliards ont déjà été déboursés.

L’information a été donnée le 12 juin au cours de la visite de la Zone économique spéciale (ZES) de Pointe-Noire par Emile Ouosso, ministre de tutelle. Cette zone s’exécute sur deux fronts, à savoir l’emprise A (27 km2) située entre Pointe-Noire et Loango, et l’emprise B (2 km 4) située à Tchamba Dzassi - villages Fouta et Nkotchi-Fouta.

Cette mission de travail, la première du genre depuis son installation, a permis au ministre des Zones économiques spéciales et de la diversification économique de cerner les limites physiques du site de Pointe-Noire, suivant le plan de délimitation de la zone.

Délimitée en zone rouge, l’emprise A sera composée d’une zone industrielle (industries lourdes et légères) et d’une zone résidentielle. Après les enquêtes parcellaires, ce projet est rentré dans la phase d’expropriation progressive, aux dépens de la trésorerie de l’Etat. Dans cette zone de 27 km2, les terrains expropriés sont en cours de démolition.

« Le coût de l’expropriation de toute la zone n’est pas encore évalué. Une partie seulement a été évaluée. La partie nord de cette zone a été évaluée à environ 80 milliards. Nous avons visité la zone réservée au parc à bois qui se situe vers la mer. Dans cette zone, aucune habitation ne sera tolérée. Tout va être rasé. Tous les terrains qui se trouvent dans la zone rouge seront expropriés et doivent appartenir à l’Etat », a relevé le conseiller à l’aménagement et aux infrastructures du ministre, Ngangui Japhet, avant de poursuivre : « Dans la zone des 27 km2 l’expropriation est importante, l’Etat ne peut pas réunir cette somme. Donc on exproprie partie par partie. On a tout démoli dans les zones expropriées. On est en train de progresser. Dans la zone B, l’expropriation est en cours. L’Etat a déjà payé plus de 4 milliards pour l’expropriation depuis 2019 ».

Cette partie de la ville océane se transformera, en contrepartie, en Zone économique spéciale. Sur cette zone seront créés à terme environ 120.000 emplois directs, occasionné par les entreprises œuvrant dans la zone. « On a des effets induits. Le principe de la ZES c’est que vous avez des industries et des zones résidentielles, c’est-à-dire de nouvelles villes. Il y a une nouvelle ville qui sera créée et une zone industrielle. Dans la zone résidentielle, c’est vrai qu'l y a des logements pour les travailleurs, mais ce sont des logements en location, donc l’immobilier. Cela va générer beaucoup d’emplois », a-t-il soutenu.

Sur ce site, des espaces ont été réservés pour la construction de plusieurs unités de production. Outre les zones industrielles et résidentielles, une partie est réservée au port minéralier, au port sec, au service public (mairie et autres). Il est également prévu des espaces écologiques, un système de traitement des eaux, des voiries, des routes. « Un pays ne peut pas se développer sur la base d’un seul secteur, moins encore par le secteur du sous-sol. Depuis 1957 coule la goutte de pétrole au Congo. La flamme de la Pointe indienne est allumée depuis le 1er octobre 1957. Le gouvernement a compris que ce n’est pas seulement par le sous-sol que nous pouvons aller de l’avant. Il faut aller vers le sol et vers l’intelligence. C’est une longue marche, un travail ardu qui interpelle tout le monde », a souligné Sylvestre Ossiala, conseiller à la diversification de l’économie du ministre.

L’emprise B est exclusivement dédiée à la raffinerie. Depuis la pose de la première pierre en février dernier par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, le site réservé à la construction de la raffinerie Atlantique pétrochimie ne connait pas de grands changements. Cette léthargie s’explique du fait de la réalisation des études y compris la conception et l’identification des zones d’installation. Sur le terrain, les machines ont commencé les travaux de forage. « C’est tout un processus. Aujourd’hui il y a une étape de sondage, étude du sol. C’est la première étape de la première phase. Après, les travaux de génie civil vont commencer. Quand ils auront commencé, vous allez constater que c’est un grand chantier », a expliqué Chao Sen, directeur de la raffinerie.

Les études sur l’impact environnemental ont été menées y compris l’enquête d’utilité publique et les sondages d’après expropriation. « Pour l’instant, tout se passe comme prévu au niveau de notre programme. Les travaux s’exécutent normalement », a-t-il affirmé, relevant que la durée du projet est estimée à deux ans.

Notons que le ministre a eu, le 28 mai dernier, une séance de travail avec les propriétaires terriens et les acquéreurs de Fouta et Nkotchi-Fouta dans l’emprise B où sera érigée la raffinerie. Au cours de cette rencontre, un protocole d’accord a été signé. « Dans le cadre des états de paiement qui sont émis, nous avons commencé par la zone prioritaire et progressivement nous allons recevoir ceux de Nkotchi-fouta en fonction du chronogramme que nous avons défini. Je peux rassurer l’ensemble de la population qu’il n’y a pas de heurt sur ce site », a assuré Ange Poungui Lebo, directeur général du cadastre.

Pour rendre opérationnelles les quatre ZES du Congo, le Cabinet conseil et audit international Deloitte Touche Tohmatsu Congo accompagnera, pendant un an, le ministère de tutelle pour faciliter la mise en œuvre des ZES. « Il y a une transformation à faire pour que les ZES deviennent parfaitement opérationnelles au Congo. Déjà on va contribuer à améliorer le cadre juridique et fiscal. On va également travailler sur les aspects du développement », a reconnu Christelle Eustache, directrice de ce Cabinet conseil. Et de souligner : « Il faut arrêter de se trouver des excuses. Pour opérationnaliser on aura bien évidemment besoin de financement. Cela va être l’objet des études qu’on va être amené à réaliser de sorte qu’on puisse planifier, identifier les financements et les potentiels appuis financiers pour la mise en œuvre effective et réelle des ZES au Congo. Rien n’est impossible. »

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo: le ministre et sa suite lors de la visite de l'emprise B de la ZES de Pointe-Noire

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