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Le temps est venu …

Samedi 15 Janvier 2022 - 15:47

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Nous l’avons écrit ici même à plusieurs reprises et nous n’hésitons pas à le redire une nouvelle fois alors que des conférences de haut niveau vont se tenir à Addis- Abeba dans les prochains jours : le temps est venu pour l’Union africaine de se  faire mieux entendre au sein de la communauté internationale, d’agir plus fermement pour apaiser les conflits qui la déchirent, de coordonner ses actions dans tous les domaines afin d’accélérer la longue marche de ses peuples sur la voie du développement durable.

Ayant succédé en 2002 à l’Organisation de l’union africaine qui avait été elle-même créée en 1963 par trente-deux Etats au lendemain de leur accès à l‘indépendance, l’Union africaine s’était fixée comme objectif de développer une coopération continentale dont l’un des principaux moteurs serait l’intégration régionale, autrement dit le rapprochement multiforme  des pays du continent qui lui-même permettrait d’imposer enfin l’Afrique comme l’un des acteurs principaux, sinon même l’acteur principal de la communauté internationale. Avec au cœur de cette stratégie la mise en valeur de ses immenses ressources naturelles et le progrès social de sa population qui est la plus jeune et donc potentiellement la plus dynamique de la planète.

Vingt ans après sa création à Durban, en Afrique du Sud, l’Union africaine n’a pas réussi à atteindre ses objectifs. Plusieurs sous-régions du continent sont minées par des conflits récurrents en raison du faible niveau de vie de leurs populations et des tensions sociales qui en résultent sur lesquelles surfent des mouvements extrémistes, religieux notamment, dans l’espoir de s’emparer du pouvoir. En témoigne chaque jour un peu plus ce qui se passe dans la Corne de l’Afrique, là où précisément l’Union africaine installa, il y a deux décennies, son siège, sa capitale Addis-Abeba : le conflit qui déchire la région du Tigré en Ethiopie et qui semble sur le point de provoquer un drame humanitaire  sans précédent, l’affrontement plus ou moins larvé qui oppose le Soudan et ses voisins, la tension qui monte entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie à propos de la construction du grand barrage « de la renaissance » sur le Nil Bleu, etc, etc…

Il est évident, même si aucun dirigeant africain ni aucun représentant des grandes puissances de la planète n’ose encore le dire ouvertement, que l’Union africaine va devoir déplacer son siège pour l’installer dans une zone plus stable, moins dangereuse, plus accueillante. Au-delà même de la sécurité des délégations des cinquante-cinq Etats membres de l’Union qui y sont installées, ce qui est en jeu dans cette affaire plus que délicate est l’image que projette l’Afrique d’elle-même : une image exactement inverse de celle qui lui permettrait de s’imposer enfin et à juste titre sur la scène mondiale comme l’un des acteurs majeurs de ce temps et qui figure en bonne place dans la stratégie du continent

Disons-le sans l’ombre d’un doute, le temps est venu de déplacer le siège de l’Union africaine afin de la mettre à l’abri des drames qui se multiplient dans cette partie du continent et qui ne peuvent visiblement que s’aggraver.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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