Opinion

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Clins d'oeil aux anciens

Samedi 19 Décembre 2015 - 12:30

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La Constitution du 6 novembre, à laquelle nous consacrons depuis quelque temps de courtes réflexions ici-même, a prévu, en son titre XVIII, un statut pour les anciens dirigeants. Plus précisément, l'article 224 stipule: "Les anciens présidents de la République ont droit, à la fin de leur mandat, à la protection de l'Etat tant en leur personne qu'en leurs biens". L'alinéa 2 ajoute: " Il leur est versé mensuellement, à titre de pension, une allocation viagère dont le montant est fixé par voie règlementaire". Le troisième et dernier alinéa de cet article plaide: " Les autres avantages et les modalités de la protection des anciens chefs d'Etat sont déterminés par la loi".
La loi, toujours elle, car dans de nombreux secteurs de la vie nationale, les textes d’application posent problème. D'abord ils mettent du temps à être pris, ensuite quand ils le sont, leur entrée en vigueur se fait attendre sans fin. Par contre, pour un pays logé à l’enseigne de ceux qui ont un rapport difficile avec leurs anciens chefs d’Etat - songeons à la manière dont la plupart, sinon tous ont été malmenés au terme ou dans l’exercice de leur mandat-, la loi qui les protège désormais, vient réparer un grand préjudice. Et pourquoi ne pas le dire franchement, elle vient de disposer pour l’avenir des futurs anciens présidents du Congo.
Pour être équitables, les dispositions constitutionnelles garantissant le petit bol de lait aux anciens dirigeants ne s’arrêtent pas qu’aux chefs d’Etat partis du pouvoir. Elles listent parmi les personnalités qui bénéficieront de la reconnaissance de la Nation, les anciens présidents des Assemblées parlementaires et les anciens Premiers Ministres. Mais, l’article 225 qui en parle précise : «  à l’exception de ceux qui ont été condamnés pour forfaiture ».
A charge pour ceux qui sont en exercice de savoir gérer la chose publique avec la plus grande correction pour ne pas être laissés pour compte lorsqu’ils n’auront plus à jouir d’honorables mais délicates fonctions publiques qui les élèvent au-dessus de leurs compatriotes et non de la loi. Sur le même passage, le législateur répète ce qu’il a dit à propos des avantages promis aux anciens chefs d’Etat : « la loi détermine la nature et les formes de cette reconnaissance ».
Un bonheur ne venant jamais seul, un troisième clin d’œil est adressé à d’autres anciens dirigeants que la Nation pourrait accorder son regard bienveillant. L’article 226 le mentionne ainsi : «  La loi détermine les autres dirigeants pouvant bénéficier de la reconnaissance de la Nation ainsi que les avantages qui leur sont accordés ».
Ainsi vont les lois : autant l’allusion aux anciens présidents de la République parait claire, notamment sur le principe des avantages qu’ils devront bénéficier au terme de leur exercice, autant les anciens présidents des Assemblées parlementaires et anciens Premiers ministres attendront un moment avant de savoir ce que le législateur entend par « reconnaissance de la Nation ». Les autres « anciens » considérés dans l’article 226 rappelé plus haut, se battront à leur tour sur plusieurs fronts. Au moins deux. Premièrement celui d’être retenus sur la liste des rentiers, deuxièmement et là, ils rejoindront les anciens présidents des Assemblées parlementaires et les anciens Premiers ministres, celui de savoir la nature des avantages qui leur seront dus.

Il est donc possible que dans la pleine application de la nouvelle loi fondamentale promulguée, le 6 novembre, les députés auront un rôle déterminant dans la lecture et l'adoption des lois réglementant plusieurs questions de souverainneté soulevées dans cette dernière. On verra alors comment les élus du peuple montreront à leurs mandants qu'ils n'usent pas le fond de leur culotte à l'hémicycle dans le seul but de bénéficier de leur traitement mensuel que les mauvaises langues, hors des enceintes du Palais des congrès, le siège du Parlement à Brazzaville, qualifient de sensiblement engraissant.
 

Gankama N'Siah

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