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Comment mieux protéger la paix

Samedi 3 Juillet 2021 - 18:46

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Alors que les Etats-Unis retirent leurs troupes déployées en Afghanistan depuis vingt ans et que les Talibans s’apprêtent à reprendre le contrôle de sa capitale, Kaboul, le temps est venu pour les grandes puissances de réfléchir sérieusement sur leur capacité à infléchir dans le bon sens le cours de l’Histoire. Une réflexion qui ne concerne pas seulement les puissances occidentales, mais que doivent également mener dès à présent la Chine, la Russie, l’Inde, bref les « Grands » du temps où nous vivons, si du moins ceux-ci veulent éviter de se trouver confrontés dans le proche avenir à des problèmes stratégiques qu’ils seront incapables de gérer.

 

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1945 donc, les grandes puissances n’ont pas cessé de se mêler de ce qui ne les regardait pas dans différentes régions du monde, avec comme résultat une série accablante d’échecs qui leur a coûté cher, très cher, et qui, loin d’imposer la paix dans les zones où elles intervenaient, ont généré des conflits sanglants dont ces mêmes zones  paient toujours le prix. Il suffit pour en dresser le triste constat de considérer les conséquences désastreuses qu’ont eues  l’intervention des Etats-Unis en Irak en 2003 ou l’assassinat programmé du guide libyen Mouammar Kadhafi par la France et le Royaume-Uni en 2011.

 

L’Histoire se chargera tôt ou tard de faire connaître les véritables raisons des interventions extérieures qui ont marqué les sept dernières décennies et qui, loin de ramener la paix dans les régions concernées, ont généré des chaos que les peuples concernés paient toujours au prix fort. Mais, en attendant, une réflexion s’impose que l’on peut ainsi résumer : aucune grande puissance, aussi riche et fortement armée soit-elle, ne peut intervenir de façon efficace loin de la zone géographique qu’elle occupe; seuls les pays proches, directement concernés donc, en ont la capacité potentielle si du moins ils prennent la juste mesure de l’enjeu que constitue le maintien ou le retour de la paix dans leur environnement immédiat.

 

De cette remarque de simple bon sens, qui manifestement ne figure pas dans le raisonnement des « Grands » de ce monde comme le prouvent, hélas !, les interventions en cours ici et là, ressort l’idée suivante : la prévention et la gestion des crises qui menacent la paix ne peuvent être menées que dans la zone géographique où ils se produisent et par les peuples qui y vivent. Elles doivent donc figurer en tête des priorités que se fixent les communautés régionales et sous-régionales qui quadrillent désormais tous les continents.

 

Pour dire les choses de façon encore plus claire en ce qui concerne l’Afrique, la paix dans l’immense région du Sahel ne reviendra que lorsque les Etats de cette partie du continent conjugueront réellement leurs efforts pour l’imposer. Et, de la même façon, en Afrique centrale, la violence qui ravage la Centrafrique ou qui déstabilise l’Est de la République démocratique du Congo ne sera vaincue que si les communautés régionales – CEEAC et CIRGL tout particulièrement  – s’accordent pour la combattre.

 

Dans le monde où nous vivons les interventions extérieures n’ont en vérité  aucune chance de résoudre durablement les problèmes auxquels les peuples se trouvent confrontés. Le retrait des troupes américaines déployées en Afghanistan auquel nous assistons présentement le démontre de façon accablante.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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