Environnement : les émissions de méthane accentuent le réchauffement climatique

Jeudi 21 Juillet 2022 - 19:55

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Des fuites massives de méthane, connues sous le nom de « super-émissions », se sont produites dans des champs pétroliers et gaziers du monde entier, des États-Unis au Turkménistan. Ces fuites, dont la plupart sont dues à des défaillances des équipements, peuvent durer des semaines. L’une d’entre elles, survenue à l'extérieur d’une installation de stockage à Los Angeles en 2015, a provoqué une hémorragie de près de 100.000 tonnes de méthane, un puissant gaz à effet de serre, dans l'atmosphère en l'espace de quatre mois.

En juin, des chercheurs de l’université polytechnique de Valence en Espagne ont déclaré avoir découvert le dernier super émetteur connu sur une plateforme pétrolière et gazière du golfe du Mexique. L’installation a rejeté 40 000 tonnes de méthane pendant une période de 17 jours en décembre 2021, soit l’équivalent de 3 % des émissions annuelles de pétrole et de gaz du Mexique. Les chercheurs ont déclaré que le rejet aurait pu complètement être ignoré du grand public s'il n'avait pas été capté par un satellite de l’Agence spatiale européenne.

Bien que le rejet ait été détecté, il reste difficile de retracer les émissions de méthane, qui est incolore, inodore et responsable de plus de 25% du réchauffement climatique que connaît la Terre aujourd’hui.

En raison de sa structure, le méthane piège plus de chaleur dans l’atmosphère par molécule que le dioxyde de carbone (CO2), ce qui le rend 80 fois plus nocif que le CO2 pendant les 20 ans qui suivent son rejet dans l’atmosphère. A l’heure où les pays élaborent des plans visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à éviter les pires effets du changement climatique, les experts estiment qu'il est essentiel de mieux maîtriser la quantité de méthane libérée dans l'atmosphère, y compris par les phénomènes de super-émission. Une réduction de 45% du méthane d'origine humaine au cours de cette décennie permettrait de maintenir le réchauffement en dessous du seuil fixé par l’accord de Paris.

Mesurer les émissions de méthane

Pour suivre et mesurer les émissions de méthane, le Programme des Nations unies pour l’environnement a lancé en octobre 2021 l’Observatoire international des émissions de méthane. Il répertorie les rejets du secteur des combustibles fossiles, et bientôt aussi les rejets des déchets et de l’agriculture.

Les industries pétrolières et gazières sont les principaux producteurs de méthane, émettant ce gaz lors du forage, de la production et d'autres parties de leurs opérations. Le méthane est aussi parfois rejeté intentionnellement par les installations pétrolières et gazières pour des raisons de sécurité. Le secteur agricole est également un grand émetteur de méthane, notamment en raison de l’élevage et de la culture de certains aliments, comme le riz. Les déchets sont la troisième source de méthane d'origine humaine la plus courante, car les bactéries décomposent les matières organiques dans les décharges.

Le grand défi est de savoir exactement quelle quantité de méthane est émise, où il est émis et depuis combien de temps pour pouvoir réduire les émissions au niveau nécessaire. La meilleure façon de mesurer les émissions de méthane est de combiner les connaissances opérationnelles et l’utilisation de technologies de quantification du méthane, de drones et d’avions équipés de capteurs.

Boris Kharl Ebaka

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