« La Cour de Babel » : itinéraire d’une classe d’accueil francophone

Samedi 22 Février 2014 - 13:50

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pendant une année scolaire, à raison de deux jours par semaine, la réalisatrice Julie Bertuccelli a suivi le quotidien d’une classe pas comme les autres. Brigitte Cervoni enseigne le français au collège de la Grange-aux-Belles dans le dixième arrondissement de Paris à une classe de vingt-deux élèves de vingt nationalités différentes. Ils sont âgés de onze à quinze ans, viennent d’arriver en France, sont originaires d’Irlande, de Serbie, du Brésil, de Tunisie, de Chine, du Sénégal, d'Ukraine, du Sri-Lanka… Autant de nationalités, de langues, de profils différents avec pour objectif commun d’apprendre le français, comme pour reconstruire la Tour de Babel

Julie Bertuccelli filme les échanges, les difficultés, les progrès des acteurs de ce petit théâtre du monde désigné comme une « classe d’accueil ». Ils sont en France pour diverses raisons. On parle d’intégration, de religion, d’idées reçues, mais la problématique du documentaire tourne autour du langage et des liens qui se tissent entre ces jeunes adolescents venus des quatre coins de la planète, dont certains n’avaient presque aucune notion de français. « Je voulais filmer une classe, comme un microcosme, et découvrir comment ces adolescents vivaient, parlaient, grandissaient ensemble. Ce qui se passe dans le cocon de cette petite communauté me semblait un révélateur suffisant de leurs personnalités et de leurs parcours », explique la réalisatrice. Pour cette raison, elle s’est centrée exclusivement sur cet environnement scolaire et non sur l’intimité familiale des protagonistes. Julie Bertuccelli témoigne d’un long travail, nécessaire d’une part pour mener à bien son étude sur la progression des collégiens, mais aussi pour se faire oublier dans l’enceinte de la classe : « C’est sur la durée qu’ils m’ont acceptée et m’ont laissée faire partie de leur classe. J’étais face à eux, à côté de la prof, avec ma petite chaise à roulettes. Ils me voyaient bien, ils ne m’oubliaient pas. Mais il n’y a aucun regard-caméra dans le film. Simplement, j’étais parmi eux, avec eux. Ils parlaient à la prof, ils regardaient la prof. J’essayais d’être discrète mais pas cachée », raconte la réalisatrice.

Julie Bertuccelli signe avec La Cour de Babel son dixième documentaire. Elle est également la tête pensante de deux long-métrages : Depuis qu’Otar est parti… (2003) récompensé du Prix Marguerite-Duras et L’Arbre (2010). La Cour de Babel sortira le 12 mars 2014.

Morgane de Capèle