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Samedi 31 Août 2024 - 20:29

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Forte d’une légitimité que lui confère la place qu'elle s'est elle-même adjugée à force d'épreuves et d'engagements, l'association Reporters sans frontières (RSF) dévoile chaque année son rapport sur « Les conditions de l’exercice du journalisme dans le monde ». Un peu comme les chefs d’entreprise et les gouvernants dressent, à échéance échue, l'état des lieux des entités dont ils ont la charge de conduire les destinées.

Bien sûr que pour cette catégorie de responsables, le mandat qu’ils tiennent des actionnaires ou de leurs concitoyens les lie au bilan qu'ils défendent. Pour sa part, RSF n’a que le statut de témoin « privilégié », qui essaye de documenter au plus près et avec ses propres méthodes les relations entre les professionnels des médias et les régimes ou les systèmes politiques des États dans lesquels ils exercent leur métier.

RSF est-elle exempte de faiblesses ? Peut-être pas tout à fait mais son travail édifie-t-il davantage l'opinion publique, les politiques, les acteurs économiques et sociaux sur les arbitrages dispensés aux médias publics et privés ainsi qu'à leurs fonctionnaires ? À n'en point douter, oui. Cependant, en attribuant des points entre des « bons » et des « mauvais » élèves de la liberté de la presse, l'organisation se met à dos les gouvernements qu'elle épingle à longueur de rapport.

Pourtant, si l'on tient compte du classement visant 180 pays et territoires, pour l’année 2022, seulement trois sortaient du lot : Norvège, Danemark, Suède. En usant de l’hyperbole sur ce compte, l’on peut être tenté de dire que le reste des 177 pays se valent, d’autant plus que la sévère échelle de notation de RSF renvoie à leurs études des arcanes de la liberté de la presse:  régimes « démocratiques », démocraties « illibérales » et régimes « autocratiques ».

Sur la foi de cette sentence, et en raison du danger permanent qui guette les journalistes confrontés, il faut le dire, à la montée des rivalités entre et au sein des États ; à la sourde mais brutale intransigeance des milieux maffieux qu'ils soient d'essence politique, économique, religieuse ou fanatique, le tableau du dire et écrire dans les médias ne gagnera pas en visibilité de sitôt.  Les défenseurs des droits humains et tout spécialement des droits des journalistes sont appelés à poursuivre leur combat avec opiniâtreté.

Il est un autre défi préjudiciable à l’exercice du métier de journaliste que RSF mentionne à juste titre dans son rapport : la montée en puissance des réseaux sociaux et son corollaire, « la banalisation des circuits de désinformation ». La presse libre et sa matière première, l'information, risquent d'en payer un lourd tribut, si elles ne le payent pas déjà fortement. Mais poser cette inquiétude revient à s'interroger davantage sur ce concept magique de "liberté ". Qui a droit d'en user, de quelle façon et qui n'en a pas et de quel droit ?  Question complexe, évidemment !  

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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