Les souvenirs de la musique congolaise : origine et émergence des groupes vocaux (1)

Vendredi 2 Juin 2023 - 13:10

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L’origine et l’émergence des groupes vocaux dans l’arène musicale congolaise remontent aux lendemains des événements des 13, 14, 15 août 1963 qui marquèrent la fin du régime de l’abbé Fulbert Youlou, destitué par un mouvement populaire appelé la Révolution à l’issue duquel un nouveau régime s’installa dans le Pays. La jeunesse protestante, catholique, ouvrière et estudiantine et scolaire fut au coeur de ce mouvement sous l’impulsion des syndicalistes et autres personnalités aux idées progressistes.

 Brazzaville fut en effervescence au lendemain des 13, 14 et 15 août 1963. La jeunesse montante, sous l’effet d’une prise de conscience collective, se mobilise et apporte son soutien au nouveau régime. Une catégorie de cette jeunesse adhère à la Jeunesse du mouvement national de la révolution et à la Défense civile, bras armé du régime. Ces organes issus de cette révolution défendaient bec et ongles les acquis du régime afin de barrer la route aux éventuels contre-révolutionnaires.

"A bas, l’impérialisme et ses valets locaux", tel fut le slogan des révolutionnaires (symbole de lutte, de courage et de détermination de la jeunesse). Dans cet élan, une autre catégorie de jeunes engagés dans cette lutte et émanant pour la plupart de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), dont l’objectif consistait à encadrer les jeunes dans la foi chrétienne afin qu’ils deviennent des modèles à l’image de Jésus-Christ, encadrement qui fut assuré par l’aumônier général, l’abbé Larr de Bacongo, Moungali, Poto-Poto et Ouenzé va créer des petits groupes d’artistes dans l’optique de glorifier et apporter un soutien à la Révolution à travers des chansons dites engagées (révolutionnaires) sans utiliser des instruments modernes et dont le seul canal de transmission du message fut la voix, à l’instar des orchestres professionnels qui utilisent plusieurs canaux, entres autres, guitares, saxophones, tumba et batterie.

Ainsi naquirent, au sein de la jeunesse congolaise, plusieurs groupes d’artistes issus pour la plupart de la JOC, animés d’un esprit patriotique et révolutionnaire appelés Groupes vocaux, à l’image des groupes français Les Compagnons de la chanson des frères Jacques et autres, groupe vocal qui signifie : démontrer et mimer une scène de la vie courante à travers une chanson selon sa thématique, ponctuée de quelques pas de danses, soutenue par la rythmique de deux à trois guitares (guitares non électriques appelées guitares sèches) et les voix prédominantes de quatre à cinq chanteurs.

Au fil du temps, ce courant connut une ampleur en milieu juvénile d’où la naissance d’une multiplicité des groupes vocaux à Brazzaville, Pointe-Noire et autres localités de la République. Les plus célèbres furent Les cheveux crépus du virtuose et célèbre Jacques Loubelo, Les élus, Les anges noirs, Les cols bleus de Rigadin Mavoungou, Les échos noirs (Mbamina plus tard), Les Kamongos, etc…

Hormis les chansons révolutionnaires et autres liées au panafricanisme à travers lesquelles ils excellaient, les groupes vocaux glorifiaient et soutenaient aussi certains mouvements de libération repartis dans d’autres pays à travers le monde tels que le MPLA en Angola, le Frelimo au Mozambique…

Des soirées appelées "récréatives" furent des occasions de loisirs pour la population, agrémentées par certains groupes vocaux dans des arrondissements. Il sied de noter que le Centre de recherche et de formation en arts dramatiques, situé derrière l’ex-Trésor, au Plateau centre-ville, fut un haut lieu des prestations des groupes vocaux et troupes théâtrales. Toute la crème politique rehaussait de sa présence les différentes soirées dites récréatives.

  A suivre !

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Les cheveux crépus du virtuose et célèbre Jacques Loubelo/DR

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