Promotion des langues : un manuel sur l’orthographe de la langue Vili est sur le marché

Mardi 24 Juillet 2018 - 16:16

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Intitulé "Kutaagë i Kusonikë Civili", c’est-à-dire lire et écrire le Civili (prononcé le tchivili), langue parlée dans les départements du Kouilou et de Pointe-Noire, le manuel paru en juin dernier et élaboré sous l’égide de la SIL-Congo (Société internationale de linguistique, antenne Congo) en partenariat avec l’Alliance biblique du Congo (ABC), a été présenté le 20 juillet, dans l’amphithéâtre de Sueco.

La cérémonie a eu pour objectif de sensibiliser la communauté vili au travail effectué et aux progrès réalisés par l’équipe biblique. Le manuel «Lire et écrire le Civili», axé sur l’orthographe vili, est destiné à former les Vilis à la promotion et à la vulgarisation de leur langue et leur riche culture. Il concerne ceux qui savent déjà lire et écrire le français (élèves, étudiants, cadres…). « Le but est de transférer les compétences de lecture et d’écriture déjà acquises en français, ce n’est pas pour apprendre la langue vili mais son orthographe, donc la manière de l’écrire». Ce livre de soixante-sept pages a été édité par la Sil-Congo en partenariat avec l’ABC, deux structures qui œuvrent  pour la valorisation des langues non écrites

Le manuel «Lire et écrire le Civili» a été préfacé par Marcel Poaty qui a indiqué, lors de la cérémonie, qu’il était important d’avoir une orthographe standard pour écrire la langue vili, pour éviter que chacun l’écrive comme il l’entend.  L'ouvrage, présenté par Paulin Roch Beapami, coordonnateur du projet alphabétisation de la SIL-Congo, est constitué de huit leçons regroupées en section portant sur l’alphabet vili (composé de trente-trois lettres dont vingt-sept consonnes et six voyelles), l’orthographe et les règles d’orthographe. Chaque leçon a des exercices de lecture, écriture, vocabulaire et orthographe. On trouve aussi un examen de parcours pour une évaluation finale, une section réponses aux questions ainsi que des textes de qualité qui parlent de l’environnement et de la culture vili.

On note quelques nouveautés, notamment le son "tch" auquel les gens sont habitués et qui est symbolisé par la lettre française "C" comme dans le mot "Civili" au lieu de "Tchivili" (leçon 9, page 34) et le son "ndj" (comme dans "ndji-ndji"),  symbolisé par les lettres "nj" (leçon 10, page 37). Ce manuel a l’avantage d’être facilement étudié en autodidacte ou en groupe. Les lecteurs auront aussi des notions sur le redoublement des voyelles (aa, ee,ii,oo et uu), sur les voyelles spécifiques (ë et u) et autres.

Au cours de la cérémonie, une présentation de l’équipe de recherche ainsi que des auteurs des textes, notamment Alexis Balou, Paulin Roch Beapami, Paul Humber, Armand Mountou et Jean-Serge Tchimbakala a été faite. Deux autres manuels qui portent sur l’orthographe et la grammaire sont en cours d’élaboration pour permettre de mieux comprendre les règles contenues dans le présent manuel.

Par ailleurs, Landry Endzonga, secrétaire général de l’ABC, a annoncé la publication, bientôt, du nouveau testament en vili. Un projet conjoint SIL- Congo-ABC qui a déjà été réalisé à 93% et qui permettra au peuple vili d’avoir accès aux Saintes écritures dans leur langue. Ce projet concerne aussi le Gabon et le Cabinda où la langue vili est parlée. Landry Endzonga a souhaité que le nouveau testament soit aussi traduit en d’autres langues congolaises.

 «Lire et écrire le Civili» a été bien accueilli par l’auditoire qui a loué l’initiative et le travail réalisé. Certains se sont dit émerveillés par le projet de traduction du nouveau testament en vili dont un extrait du livre de Jude a été lu pendant la cérémonie. L’auditoire a aussi eu droit à un conte en vili de ce manuel intitulé "Le chasseur de la tortue, de l’escargot et du calao", relaté par la comédienne et conteuse Gisèle Tchicaya. La cérémonie à laquelle a pris part Thierry Mabiala, directeur  de l’ABC Gabon, a été animée par le groupe tradimoderne Liyo li Bu (la vague de la mer).

Plusieurs langues congolaises menacées de disparition

«Lire et écrire le Civili» est le résultat de plusieurs années de travail et de recherches en se fondant sur le matériel existant. Il permet à la langue vili de passer de l’oral à l’écrit, ce qui la valorise et garantit sa sauvegarde. Dans son intervention, Roch Bankoussou, directeur de la SIL-Congo, a souligné l’importance d’écrire les langues. Il a expliqué : « Les langues non écrites ont très peu de valeur devant celles qui ont un système élaboré d’écriture. Aujourd’hui, avec la disparition des langues, on assiste à la disparition de différents types de savoirs, de manières de penser et d’être qui constituent le soubassement de l’identité des communautés». Selon lui, si l’on y prend garde, dans trente à quarante ans, de nombreuses langues congolaises vont disparaître à cause du manque d’écriture. « Par-dessus tout critère, parler une langue c’est comprendre l’histoire d’une communauté. Mais écrire une langue, c’est sauvegarder et transmettre l’histoire ainsi que le savoir de la communauté», a-t-il précisé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-Le manuel "Lire et écrire le Civili" -La photo de famille lors de la présentation du manuel/ crédit photo Adiac -Une vue de la salle pendant la cérémonie / crédit photo Adiac

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