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Baisse du prix du baril de pétrole : le budget de l’État pourrait en pâtir...

Jeudi 9 Avril 2015 - 19:00

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Le marché du pétrole continue d’afficher des tendances inquiétantes avec un baril, en ce mois d’avril, à 50,42 dollars. De l’avis des experts, cette tendance va se maintenir en raison de certains facteurs. D’où la prudence au niveau des pays dont l’économie reste assujettie au pétrole.

Le cas du Congo qui, en décembre dernier, a dû réajuster la loi de finances exercice 2015. Initialement fixé à 3.639.834.000.000 FCFA, le budget de l’État a été revu à la baisse par l’Assemblé nationale à l’issue de sa session extraordinaire du 22 décembre 2014. Pour 2015, le budget réajusté est chiffré à 3.069.750.000.000 FCFA.

Quatre mois après, peut-on penser que ces prévisions tiennent ? Si révision du budget il ya, quels sont les chapitres à sacrifier ?

Des questions et bien d’autres que les Congolais se posent sans pour autant en obtenir des réponses alors qu’au ministère de l’Économie et des Finances, l’heure est à la prudence et aux calculs comme l’indiquent la série des réunions techniques entre les différents acteurs directement impliqués. Même si rien ne ressort de ces échanges.

En effet, le budget assis sur une base prévisionnelle du prix de baril à 70 dollars contraint le Congo à réduire le niveau d’investissement avec, à la clé, un recadrage des projets à financer en s’appuyant sur une politique plus élaborée en matière de gouvernance.

Répondant le 18 mars dernier aux experts du Fonds monétaire international, le ministre d’État, Gilbert Ondongo, était clair sur les choix du gouvernement. «Pour soutenir les dépenses, nous avons décidé, par rapport aux instructions budgétaires, que 30% seulement devaient être disponibles pour les paiements. Si le ministère des Finances avait 100F à payer, à ce jour, nous sommes libres de ne payer que 30F. Les 70% des crédits extraits au budget de l’État ont été gelés pour prévenir les équilibres macroéconomiques », déclarait-il le 18 mars dernier.

Et qu’en est-il des salaires ? La réponse du ministre d’État était tout aussi nette : « Le gouvernement a donné sa parole aux partenaires sociaux, il doit la respecter…Nous gardons les salaires intacts parce que nous voulons contribuer au pouvoir d’achat des ménages et à la croissance économique. »

Des options envisageables

Malgré les assurances venant du gouvernement qui s’appuie sur le taux de croissance favorable, la révision du budget de l’État n’est pourtant pas exclue. Si la direction des impôts reste optimiste sur ses prévisions, environ 739 milliards, il faut à l’État cependant n’espérer que sur le pétrole.

Selon des personnes instruites aux questions de budget et des finances, la réduction du budget, au nom des équilibres, pourrait atteindre près de 1000 milliards de francs Cfa. Dans cette hypothèse, la loi des finances exercice 2015 serait une nouvelle fois réaménagée pour ramener ledit budget autour de 2100 milliards de francs CFA.

Face à cette situation, estime un économiste sous couvert d’anonymat, le gouvernement doit opter pour une meilleure gouvernance qui cible les priorités afin de se départir des dépenses moins importantes. L’économiste propose parmi les solutions, la réduction du train de vie de l’État afin d’actionner, à court termes, les leviers les plus importants. Notamment au niveau de l’Agence d’investissement dont la prise de décision est tenue par le « Comité national du Trésor », un petit noyau au sein duquel se trouve la délégation générale des grands travaux.

Si demain, cette hypothèse est validée, il est à conclure que bien de projets prendraient un coup à l’instar de la municipalisation du département de la Sangha pour laquelle le ministre Jean-Jacques Bouya a lancé un cri de cœur à propos du coût des expropriations par exemple.  Si la construction de la cité sportive de Kintélé reste une priorité, l’État est contraint de passer des ciseaux ici et là. Le Fespam, autre grand rendez-vous de cette année se trouve dans le viseur des financiers. Le réalisme impose des choix clairs et le maintien des projets à impact social et économique avéré.

Si les salaires demeurent une priorité, certains avantages dont bénéficient des acteurs politiques méritent un examen. « Je suggère une réduction du train de vie de l’État en passant des ciseaux sur les émoluments et autres avoirs des hommes politiques. C’est le moment aussi d’évaluer certaines institutions de la République qui ne le sont que de nom », a dit cet expert.

Quelle alternative au pétrole ?

Lors de leur session de décembre dernier, les parlementaires avaient exigé du gouvernement de leur transmettre, tous les trois mois la situation de la production pétrolière en termes de prévention. Ceci leur permettrait d’anticiper et d’éviter des secousses au pays. Face aux inquiétudes des uns et des autres, le gouvernement a rappelé que le programme de municipalisation accélérée lancé depuis 2004 ne sera pas affecté et que la création de quatre nouvelles «Zones économiques» ira de l'avant.

Entre temps, pour attaquer l’avenir, « Le gouvernement a fait le choix de promouvoir l’esprit d’entreprise et les entreprises, en particulier les PME-PMI qui portent en elles les germes du dynamisme économique. Tout sera mis en œuvre pour susciter la création en grand nombre des entreprises dans toutes les branches de l’économie. Dans la mise en œuvre de toutes ces politiques du gouvernement, on veillera toujours à ne pas laisser s’installer des déséquilibres macroéconomiques du genre inflation galopante, déficit permanent du commerce extérieur, accumulation des arriérés de paiement et déficits budgétaires avec leur corollaire, le surendettement public », expliquait le ministre d’État Gilbert Ondongo.

 

 

La rédaction

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le pétrole, exploité au large de Pointe-Noire, contribue pour plus 80% au budget du Congo ; Photo 2 : L'agriculture, un secteur pour diversifier l'économie congolaise ; Photo 3 ; Le ministre d'État Gilbert Ondongo dans une pépinière de cacao à Pokola

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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