Opinion

  • Humeur

Le vrai visage des opérateurs-économiques véreux

Samedi 7 Novembre 2015 - 6:51

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


En des termes simples et en s’appuyant, chaque jour, sur l’observation directe,  on peut désigner par « opérateurs-économiques » toutes les personnes physiques ou morales qui réalisent des travaux ou des ouvrages, font des prestations de services ou la livraison de fournitures sur le marché.

Ces opérateurs sont qualifiés de « véreux » quand ils acceptent de percevoir un acompte ou la totalité de la somme sans au final sans aller au terme des travaux.

Cette race d’opérateurs-économiques a donné naissance à la terminologie d’« éléphants blancs », c’est-à-dire des projets publics non achevés et pour lesquels l’Etat a sorti de l’argent. Comment opèrent ces individus ?

Ce sont de fins calculateurs et dribbleurs comme le sont les joueurs  de football, car capables de passer entre les mailles des filets lors des séances de soumission et de sélection. Ils savent présenter des dossiers et documents à première vue fiables alors que dans le fond ceux-ci sont souvent montés de toute pièce.

Leur génie consiste à s’offrir les services des sous-traitants qui n’ont ni une quantité suffisante en ressources humaines ni en expertise. Et que dire de la logistique ? Inappropriée avec des engins de circonstance tels des brouettes, des pelles, de simples truelles, moules et machettes. Est-ce que c’est cela être opérateurs-économiques ?

Pire encore, en dehors du chantier officiel qu’ils ont réussi à avoir auprès de l’Etat, chantiers où ils se sont engagés à exécuter coûte que coûte des travaux, ils brillent aussi par la surabondance des petits chantiers et ouvrages parallèles. A dire vrai, ils ont pris plusieurs engagements et dans les mêmes délais. Pour eux, ces chantiers parallèles sont faciles à réaliser à cause de leur simplicité.

L’Etat se voit ainsi bloqué car l’opérateur-économique est plus présent dans le chantier parallèle. A vrai dire, ces dribbleurs, à l’origine des éléphants blancs ne sont opérateurs-économiques que sur papiers, ce sont donc des trompeurs. Que dire de leurs parcs à engins ou véhicules spécialisés ? Il semble même que certains ne leur appartiennent pas. Ils les obtiennent par le biais de la location car après quelques mois lorsqu’on revisite ce parc rien en tout cas ne s’y trouve.

Encore que pour échapper à quelques contrôles-surprises de l’Etat, ils n’ont jamais eu de résidences fixes et sont rares sur des chantiers car le tout est fait par ceux qui sont censés les représenter. Et pendant ce temps, ils sont à la quête d’autres occasions pour faire passer leurs dossiers douteux faits de tricherie. Encore que petit à petit, on constate l’éveil des collectivités locales, notamment certains conseils départementaux qui s’engagent volontiers à accroître la vigilance de l’Etat en suivant de très près ce que réalise tel ou tel opérateur-économique dans telle ou telle localité. Et si quelque chose d’imparfait ou de n’importe quelle nature que ce soit survenait, ces collectivités le dénoncent publiquement afin que celui-ci soit face à sa responsabilité par rapport à l’engagement pris. Et cette façon d’agir pourra diminuer, nous l’espérons, l’ampleur de ce qu’on appelle par « éléphants blancs » autrement dit la « honte de l’opérateur X ».

Tenez ! A l’antipode de cette race dite des opérateurs-économiques véreux, il y a celle qu’on pourrait appeler des opérateurs-économiques sérieux. Ce sont donc ceux-là qui, une fois sélectionnés parmi les soumissionnaires, s’efforcent à achever leurs travaux en surmontant même certains aléas circonstanciels. En réalité ceux-là sont une fierté pour le métier qu’ils ont choisi.

Tel que décrit l’opérateur-économique véreux, il serait souhaitable de ne pas s’improviser opérateurs-économiques si l’on n’a pas réuni tous les atouts à la fois en ressources humaines et en logistiques. Et le faire, c’est accepter d’être opérateurs-économiques véreux qui, le plus souvent, brillent par l’abandon des ouvrages et chantiers. Quelle honte !

 

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Humeur : les derniers articles