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Un Poilu congolais

Samedi 4 Octobre 2014 - 10:28

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Dans l’histoire de France, poilu est un nom commun qui désigne un combattant français de la première Guerre mondiale. On parle donc de poilus pour désigner tous ceux qui ont pris part à la guerre 14-18. Le Congo a eu son contingent de poilus. Beaucoup sont morts dans l’anonymat, près leurs campagnes militaires dans l’armée française. Grâce au colonel Pierre Obou, nous avons pu mettre la main sur le carnet militaire de l’un des derniers poilus congolais, Oniangué Ovoulou Joseph. Né à Makoua vers 1898, il y est décédé le 29 septembre 1991. Il aurait eu 116 ans en septembre dernier.

La Première Guerre mondiale commence par l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse, par un jeune nationaliste serbe de BosnieGavrilo Princip.  Cet acte ne fait que pousser au paroxysme des tensions issues de contentieux antérieurs (rivalités stratégiques, politiques, économiques et coloniales). Cette guerre est surtout le fait de deux grandes alliances : la Triple-Entente et la Triple Alliance ou la Triplice. La Triple-Entente est composée de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, et des empires qu'elles contrôlaient en tant que grandes puissances coloniales. Plusieurs États se joignent à cette coalition, dont la Belgique, envahie par l'Allemagne, qui fait appel à la France et au Royaume-Uni garantes de son indépendance. Le Japon rejoint la coalition en août 1914, l'Italie en avril 1915, la Roumanie en août 1916 et les États-Unis en avril 1917, ainsi que de nombreux autres pays moins puissants. La coalition de la Triple Alliance était initialement constituée de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie, et des empires qu'elles contrôlaient. L'Empire ottoman les rejoignit en octobre 1914, suivi un an plus tard du Royaume de Bulgarie. À la fin des hostilités, seuls les Pays-Bas, la Suisse, l'Espagne, le Danemark, la Norvège, la Suède, le Liechtenstein et Monaco étaient demeurés officiellement neutres parmi les nations européennes, mais certains États neutres ont, semble-t-il,  participé financièrement ou matériellement aux efforts de guerre des protagonistes.

Les combats se déroulent sur différents fronts qui se situent surtout en Europe, mais une petite partie de l’Asie, de l'Océanie et de l’Afrique, ainsi que l’Atlantique Nord subissent des actions militaires.  Cette guerre est la première où les aéronefs (ballons fixes ou dirigeables et, de plus en plus, avions) ont joué un rôle tactique important, d'abord pour l'observation et la reconnaissance, puis pour la chasse et le bombardement.

Lorsque Joseph Oniangué Ovoulou s’engage volontairement, le 19 juin 1918, pour combattre dans les forces françaises, pour la durée de la guerre plus six mois, selon les termes de son engagement, il ne reste plus que quelques mois avant la fin des hostilités. Il combat néanmoins en France, du 9 juillet 1918 au 2 septembre 1920. Il se rend ensuite au Maroc, du 24 avril 1922 au 3 décembre 1922, avant de se retrouver en Algérie, du 4 décembre 1922 au 2 août 1923. Du 11 janvier 1929 au 14 avril 1934, il séjourne au Gabon. Sa présence sur de multiples champs d’opération lui vaut plusieurs distinctions : la médaille Interalliée dite "de la Victoire" ;  la médaille Militaire suivant le décret du 6 mai 1954 (Journal officiel du 28 mai 1954) ; la Croix du Combattant ; la médaille Coloniale ; la médaille Commémorative 14-18.

Au moment où le conseil municipal de Makoua va entrer en fonction, il serait souhaitable que la tombe de ce poilu soit réhabilitée et qu’une rue ou une avenue de sa ville natale soit dénommée Oniangué Ovoulou Joseph. La rumeur rapporte que deux semaines avant sa mort, ce poilu chantait à tue-tête la Marseillaise, se rappelant sans doute qu’il fit partie de ces « guerriers magnanimes », exaltés dans l’hymne national français, qui eurent le « sublime orgueil » de sauver la Patrie. La Maison des anciens combattants, sur l’avenue de la Paix, désormais enserrée par des difformités architecturales, doit être réhabilitée par le ministère de la Défense qui devrait songer à l’érection d’une stèle en mémoire de nos poilus, pour les sortir de l’oubli où ils sont ensevelis.

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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