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Diplomatie courtoise à la Case de Gaulle de Brazzaville

Lundi 16 Mai 2016 - 15:00

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 Pour ses adieux au Congo, au terme de sa mission pendant deux ans (26 février 2014-17 mai 2016) comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France, Jean-Pierre Vidon a organisé sa dernière sortie protocolaire officielle, le lundi 9 mai, en sa résidence de la Case de Gaulle sur les hauteurs du quartier de Bacongo et les berges du fleuve Congo. Et pour l'occasion, le chef du gouvernement congolais en personne, plusieurs ministres, autres responsables politiques et administratifs, hommes d'affaires, amis, journalistes, personnalités de la société civile, sans oublier bien évidemment les citoyens français expatriés étaient présents.

Comme en de pareilles circonstances, souvent, se passe un temps mort entre l’heure prévue pour la cérémonie, 18 heures 30, pour ce qui était de celle-là, et le début réel de la manifestation qui va démarrer un peu plus d’une demi-heure plus tard. Jean-Pierre Vidon, le seul locuteur du jour, disons du début de soirée, se porte devant le lutrin pour son discours de circonstance. Quelques soucis bien passagers avec le micro puis tout rentre très vite dans l’ordre. Il peut commencer son speech en saluant, cela va sans dire, les autorités gouvernementales congolaises et d’autres invités qui lui ont fait l’honneur d’honorer de leur présence son annonce de départ.

Au long de son propos déroulé avec la plus grande sérénité, le diplomate français évoque l’expérience qu’il a accumulée en près de vingt années de service en qualité d'ambassadeur de son pays en terre africaine : Afrique du Sud, Malawi, Centrafrique à deux fois, Namibie, Sénégal, Kenya. Il s’appesantit sur le cas du Congo où il a mis à profit son mandat pour visiter ce pays du Nord au Sud, se réjouit d’avoir noué des contacts utiles avec la classe politique, la société civile, les plus hautes autorités publiques, rencontré et discuté avec ses compatriotes basés dans plusieurs localités occupés à des activités économiques, consulaires ou religieuses.

Quand il aborde le volet économique de son discours, Jean-Pierre Vidon se félicite de l’augmentation de 13 % des exportations françaises vers le Congo, de la progression de 18 %, au premier trimestre 2016, des résultats de son pays en la matière dans la sous-région d’Afrique centrale. Mais il relaye aussi, à côté de ces petites vaches grasses, le message des sociétés françaises en activité au Congo, confrontées à la crise de payement de leurs prestations : « Les raisons de ces difficultés sont connues, relevant de la comparaison simple entre des recettes minorées et des dépenses majorées par l’importance, quelque peu exceptionnelle, des investissements dans les infrastructures », note-t-il, avant de poursuivre, et presque de conclure sur ce point : «  Dans ce domaine, notre position est claire, que ces sociétés soient admises à se parler avec les autorités concernées afin qu’un dialogue intervienne et permette de négocier ».

Quand il se réfère à la politique intérieure du Congo, Jean-Pierre Vidon souhaite la paix pour ce pays dont les liens d’amitié  avec le sien propre sont, reconnait-il «  inextricables », il encourage «  au respect, au dialogue et au rassemblement des sensibilités politiques du Congo », persuadé « qu’un apaisement sera bénéfique à l’ensemble des Congolaises et des Congolais ». Pour dire les choses telles qu’elles se sont passées, notons ce silence presque d’église qui a couvert le moment pendant lequel le diplomate prononçait son mot d’adieu, et au-delà un enseignement profond sur le fait que la représentation diplomatique ne se mesure pas seulement à la présence de l’ambassadeur dans les cérémonies officielles organisées dans le pays de son accréditation. Elle est un ensemble d’attentions multiformes portées aux intérêts humains, moraux, matériels, enfin, tous les intérêts du pays de celui-ci à l’étranger.

Quant à l’appel de Jean-Pierre Vidon à l’apaisement, notons aussi, pour terminer, comment entre eux, (était-ce pour la photo ?), Pierre Ngolo, Mathias Dzon, Pascal Tsaty Mabiala, Clément Mierrassa, Jean Claude Ibovi, Bonaventure Mbaya, acteurs politiques de l’opposition et de la majorité, échangeaient en toute bonhomie dans les jardins de la Case de Gaulle avant, pendant et après la cérémonie. On a l’impression, lorsqu’ils défendent leurs points de vue dans les meetings et les médias qu’ils ne se parlent pas, ne se pardonnent pas. Cela n’est certainement pas toujours le cas, mais ce  n’est pas seulement à la Case de Gaulle que les politiques congolais doivent se donner l’occasion d'accolades chaleureuses. Enfin, la France a continûment sans doute un rôle à jouer, celui d’aider à l’apaisement en premier, surtout lorsque la situation dans un pays ami comme le Congo est jugée complexe.

Gankama N'Siah

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