Opinion
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Regard sur les cinquante dernières années 1965-2015 1994 (34)Jeudi 1 Septembre 2016 - 12:20 En 1994, la démocratie s’est fracassée contre les récifs de la politicaillerie. Polémiques ineptes, vantardise des uns contre la suffisance des autres, le Congo vit dramatiquement l’avènement de la démocratie et ses dérèglements multiples. Cette année-là, la politique, comme sacerdoce, est tombée en désuétude dans notre pays. Elle se caractérise désormais par la banalisation de la violence verbale et physique. Si l’idée était de dégoûter le peuple de la politique, c’est vraiment réussi. On en paye encore le prix aujourd’hui. Il est pourtant facile et admis, en démocratie, d’avoir des désaccords politiques sans se fâcher. Nos politiciens devraient s’inspirer de l’expérience journalistique de Sylvain Bemba. Dans un entretien, accordé au Journal Aujourd’hui, n°39 du 14 février au 1er mars 1994, Sylvain Bemba, brillant journaliste devant l’Eternel, faisait part de son expérience professionnelle. Cet entretien demeure éclairant. « En journalisme, disait-il, je suis passé par plusieurs étapes. Chacune d’elles a eu ses exigences et ses contraintes. J’ai commencé par le journalisme sportif. Celui-ci ne s’est pas arrêté qu’à des séances dominicales. J’ai couvert aussi bien le football, le handball, la boxe que le cyclisme. Je rends ainsi hommage à Claude Imbert (à l’époque directeur de l’hebdomadaire Le Point, en France), Claude Wauthier et au révérend Père Legall, mes maîtres et mes formateurs. J’ai exercé l’activité d’envoyé spécial avant d’être rédacteur en chef de l’Agence congolaise d’Information (ACI). À ce titre, je suis devenu éditorialiste. En fait, dans une agence de presse, on n’a pas le droit d’écrire des éditoriaux. Mais notre attitude a été dictée par la situation politique qui prévalait à l’époque. Après l’expulsion par Moïse Tshombe de plus de 30.000 Congolais vivant au Congo-Kinshasa, le refroidissement des relations entre les deux capitales les plus rapprochées au monde est tel que l’ACI était tenue de répondre quotidiennement aux provocations de presse de Léopoldville. Ce journalisme au quotidien m’a fait vivre sous les contraintes. J’étais obligé de beaucoup lire, de me documenter et d’être en harmonie avec l’opinion. Je suis donc en droit de dire que le journalisme est la meilleure école de la perfection. Ce métier vous permet de développer tous les jours une grande capacité à l’écoute de l’autre, une capacité de discernement, une capacité de responsabilité et de prudence. Voila les quatre principaux enseignements que je tire de mon expérience du journalisme. Les néo-journalistes feraient bien aussi de s’en inspirer. Ecoute, discernement, responsabilité et prudence font cruellement défaut à nos politiciens, imbus d’eux-mêmes et prêts à offrir le peuple en holocauste pour satisfaire leur égo hypertrophié. Il est heureux que le Premier ministre, chef du gouvernement et le député maire de la ville de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé aient organisé le 10 août 2016, un « cocktail du vivre ensemble », pour permettre aux Congolais de se parler. Depuis la Conférence nationale, véritable monologue trivial et miné par la diatribe, le dialogue s’est rompu. Les exhortations du chef de l’Etat en direction de la classe politique de renouer le dialogue, c’est-à-dire, parler, se parler, restent sans effet pour une partie de l’opposition enfermée dans une attitude de refus systématique, posant, à n’en plus finir, des préalables et des conditions comme si celles-ci ne pouvaient pas constituer une partie des échanges. Une chose est sûre, la démocratie est née au Congo sous le signe des réquisitoires enflammés et des abominations. Depuis, on n’en est pas sorti. Bien au contraire, le « personnel » politique s’enfonce et se complaît dans l’invective permanente. Attitude fondamentalement contreproductive. Dans cette atmosphère empuantie, un peu de fraîcheur, tout de même, avec la signature, le 16 mars par les six anciens membres de l’ancienne Udéac (le Cameroun, le Congo, la République centrafricaine, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad) du Traité portant création de la Cémac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Elle remplace l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (Udéac) dont le traité avait été signé le 8 décembre 1964 au Congo. Ce traité était entré en vigueur le 1er janvier 1966. Entre spasmes à l’intérieur et apaisement à l’extérieur, ainsi va la vie au Congo.
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