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Amérique: quand l'Europe hausse le ton

Dimanche 10 Janvier 2021 - 19:30

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Le fait est rare pour être souligné. Dans la relation suffisamment ancienne qui la lie à ses alliés européens, l’Amérique à la bannière étoilée a rarement été tancée par ces derniers. Bien sûr, entre eux, comme cela se passe chez des gens qui s’aiment bien, les frictions ne manquent pas. Au nom de cette amitié profonde cimentée par l’histoire, le propos a toujours été mesuré. En plusieurs occasions, Américains et Européens ont souvent lavé leur linge sale en famille.

Il est que les quatre dernières années, l’homme qui a pris les commandes de la Maison Blanche, le président Donald Trump, n’a pas suivi le cours de cette relation avec considération. Il a fini par agacer l’Europe et bien pire encore créer de la distance entre elle et son pays. On se souvient des exigences réitérées par Washington et mal prises par l’Europe d’augmenter ses contributions au fonctionnement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord-OTAN-, leur instrument de défense commune.

On se rappelle aussi le pied de nez que les Etats-Unis ont fait à deux reprises à leurs alliés quand ils ont annoncé leur double retrait de l’Accord de Paris sur le climat et de l’Accord nucléaire iranien. Si l’on associe ces volte-face spectaculaires à bien d’autres opérées dans un temps record : les démêlées avec l’Organisation mondiale de la santé sur la gestion de la pandémie de covid-19, avec l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), on est en droit de dire que le vase avait quasiment débordé.

Comme si cela ne suffisait pas, la fin du mandat du 45è président des Etats-Unis d’Amérique, est marquée par une série de faits déroutants qui en disent long sur le cauchemar ambiant. Passe encore la contestation des résultats d’une élection, cela a lieu tous les jours presque partout en Afrique, en Europe, et donc finalement aussi aux Etats-Unis, dont ce n’est pas la première fois puisqu’il y a eu un précédent en 2002 entre les candidats George Bush Junior et Al Gore. Passent des prises de parole ou des tweets appelant à ne pas reconnaître la défaite de façon pacifique.

Mercredi 6 janvier, Donald Trump et ses partisans ont ainsi tenu leur promesse de passer à la vitesse supérieure de la contestation avec des grands moyens. En investissant le prestigieux siège du parlement, le Capitole, comme ils l’ont fait à l’appui du discours mobilisateur de leur « champion », ces derniers ont aussi ravalé leur pays au rang de ceux qui n’ont pas connu deux-cents ans d’une vie démocratique apaisée. Et la vieille Europe a fulminé. Elle qui n’a sans doute pas oublié son propre passé trouble semble désormais tirer la bonne leçon de ce qu’il faut laisser faire la démocratie. On a eu peur pour l'Amérique mais son édifice démocratique est solide. 

De Paris à Londres, en passant par Berlin, Emmanuel Macron, Boris Johnson et Angela Merkel, pour ne pas les citer, ont en effet grondé comme jamais auparavant en déplorant « une honte, un comportement inadmissible ». Le monde est-il en train de changer? Peut-être pas encore, mais tout de même...

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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