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Et si la culture et le sport prenaient les devants ?

Samedi 26 Mars 2022 - 16:00

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La guerre d’Ukraine a montré les limites de la rhétorique punitive, qu’elle soit armée, politique ou économique. Surtout elle a mis à nu les déficiences de la diplomatie et montré aux yeux du monde ce que sont les dirigeants, à savoir que puissants ou non, finalement ils ont beaucoup à apprendre des relations qui unissent les nations et les peuples ; ils ont tout à gagner à être un tout petit peu attentifs, tolérants et humbles.

A l’évidence, les intérêts qui les font courir ne peuvent remplacer les valeurs inestimables que sont la paix et la tranquillité. Dans ce qui se passe présentement, ils ont tous échoué à être considérés comme des faiseurs de paix. Ceci expliquant cela, pourquoi ne laisserait-on pas les artistes et les sportifs dessiner les contours du vivre ensemble qui nous manque tant par la faute de ceux dont les mandats électifs ne servent qu’à faire la guerre ?

Les vedettes de la chanson et de l’athlétisme n’ont jamais forgé leur légitimité par le vote encadré par tant de lois, mais elles brillent de mille feux et sont mieux acceptées en toutes circonstances. Même si, on l’a vu, cherchant à chauffer à blanc les esprits, le politique a vite fait de mêler le sport à ce conflit pourtant parti loin des stades, aussi longtemps que la séparation des pouvoirs exigée des institutions publiques ne le sera dans les instances sportives mondiales, l’épouvantable confusion des postures qui s’en suivra coûtera cher aux athlètes. Et pour rien !

J’imagine un concert de rock, de pop, de rumba, de reggae, d’afrobeat ou de funk s’ébranler place Maidan, au cœur de Kiev, déménageant ensuite place Rouge en plein cœur de Moscou. Les voix du monde les plus adulées, les plus écoutées, car porteuses de paix prendraient toute la place qu’il faut dans les cœurs de ceux qui se battent, ou qui applaudissent, ou incitent à la guerre, ou pleurent un être cher arraché sur le champ de bataille, enseveli sous les bombes des belligérants ; le cœur des blessés de tous les camps, de tous les fronts. Ces rencontres sèmeraient l’amour dont on a besoin en lieu et place du missile tueur.

J’imagine un gala de football dans la plus grande arène sportive de Russie, qui se déplacerait ensuite dans le plus grand stade de l’Ukraine. Les plus beaux pieds des vedettes connues, en activité ou ayant pris leur retraite descendraient sur l’aire de jeu montrer au monde que l’on trouve du bonheur en jouant au ballon et non pas dans l’incertitude de la guerre. Ils chausseraient leurs plus belles bottines, vêtiraient leurs plus belles vareuses, se tacleraient et se pardonneraient mutuellement, rageraient de la victoire obtenue par la balle tirée au but, et non pas par la balle sortie du canon.

J’imagine le pétrole ne plus grimper autant, le blé ne plus spéculer, le gaz ne plus se raréfier ; j’imagine en même temps la peine de ceux qui pensent la vie sans les autres, qui tablent sur la guerre pour espérer être craints, et gagner plus d’argent qu’ils n’ont déjà ; j’imagine les peuples toujours pris à témoin pour justifier telle ou telle dérive se sentir moins enclins à l’angoisse. On les sait partout en quête de bien-être, on voit qu'ils n’ont parfois rien et entendent dire de ceux qui les commandent qu’ils œuvrent à leur prospérité.

Bien sûr qu’ils croient ce discours porteur d’espoir, mais les peuples vivraient mieux sans les guerres ; et le sport, la culture pourraient contribuer à ce résultat. Rêvons un peu !

Gankama N'Siah

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