Opinion

  • Brin d’histoire

Regards sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1978 (14)

Jeudi 14 Avril 2016 - 19:06

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Depuis la révolution des 13, 14 et 15 août 1963, le Congo a vécu d’aventures burlesques. Des individus, peu sûrs de vaincre tentent malgré tout des coups, véritables coups d’épée dans l’eau, avant de se raviser et de se répandre en excuses, l’irréparable passé. Pendant ce temps, des innocents ont fait les frais de leurs misérables mystifications. 1978 connait son lot de sang. Il ressuscite des souvenirs funestes.

Du 3 janvier au 6 février 1978, se tient le procès sur l’assassinat du président Marien Ngouabi, le 18 mars 1977. Il s’est achevé par la condamnation de plusieurs personnes, parmi lesquels; Ndoundi-Ganga Jean-Pierre, Kinkouba Etienne, Samba Dia Koumbi, Kouba Grégoire, Kianguila Daniel, Mizele Germain, Konda Albert, Dianzenza Pierre, Sissoulou Simon, Kanza Daniel. Ces personnes ont été exécutées, à l’exception d’André Hombessa, qui semble-t-il a pris la poudre d’escampette. Quelques jours après ce procès, l’ex-capitaine Barthélémy Kikadidi, cerveau présumé de l’assassinat de Marien Ngouabi, est abattu le 13 février.

La musique qui adoucit les mœurs apporte son pouvoir de catharsis dans cet environnement mortuaire. Youlou Mabiala, fraîchement rentré de son long séjour kinois, met sur le marché la chanson  Petit chéri, prélude à la création de l’orchestre « Les trois Frères ». En ce mois de juillet de cette année 1978, sortie officielle de ce nouvel orchestre brazzavillois créé par Boyibanda Michel, Youlou Mabiala et Loko Massengo. Elle a lieu au Ciné Vog, après plusieurs semaines de répétition au cinéma Le Paris (actuel immeuble de la Cnss en face de l’Arc). Au public venu nombreux, le nouvel orchestre déploie un véritable feu d’artifices de belles chansons : Kumbe Kumbe, Saley, Diallo, Nenette, etc.

Jacques Opangault décède le 20 août à Brazzaville. Homme d’Etat, fondateur du Msa (Mouvement socialiste africain), Jacques Opangault est vice-président du premier gouvernement congolais. Né en 1907 à Ikania (Boundji), il commence ses activités politiques en 1935. Il s’inscrit à la Ligue internationale des Droits de l’Homme. Il devient, par la suite, président de l’Association des Fonctionnaires, en 1938. En 1944, Opangault est exilé politique à Bangui. L’année suivante, il rentre à Brazzaville, à l’occasion des élections à l’Assemblée constituante française. Il est élu tour à tour conseiller territorial de la Likouala-Mossaka (1947), président du Msa en 1957. Son parti gagne les élections des conseillers territoriaux la même année permettant ainsi à son leader de devenir le premier vice-président du gouvernement territorial du Moyen-Congo. Opangault est « renversé » -déjà !- par le président Fulbert Youlou. Réélu député à l’Assemblée constituante, Opangault devient, en 1960, avant l’indépendance, ministre d’État, chargé de la Justice. Il sera ensuite nommé vice-président de la République. C’est donc une figure éminente de la République qui décède ce 20 août 1978.

La République, on l’a vu, est née sur un vice-rédhibitoire, le complot. Une endémie chez nous. C’est en cela que la mémoire tutélaire de cet homme d’Etat m’inspire une petite remarque sur le vide sidéral d’hommes politiques d’envergure dans notre pays. La dernière consultation nous en a donné la preuve. Hormis, Sassou N'Guesso, homme d’Etat incontestable, rien en face. Les pantalonnades postélectorales de ses « challengers » ont contribué à mettre en exergue cette misère. La Nouvelle République a pour but de mettre un terme à ces bouffonneries, favorisées par un contexte permissif. Elle doit favoriser une stricte application de la loi pour arrêter cette propension de certains politiciens à l’appel au meurtre collectif. Ces derniers mènent grand bruit pour impressionner un peuple déjà traumatisé par leurs pitreries récurrentes. Mus par leurs propres passions et leurs propres intérêts, ils agissent dans le mépris souverain des populations meurtries par leur charlatanisme politique et leur aveuglement. Rien n’est plus vide et vaseux que leurs rabâchages tonitruants dans les médias internationaux pour exploiter la crédulité publique. Consternant !

La prestation de serment, demain, du nouveau président de la Nouvelle République nous y fait entrer de plain-pied. Ne pas faire du neuf avec du vieux et ne pas sombrer dans un excès de jeunisme, c’est le dilemme cornélien auquel est confronté, d’emblée, Denis Sassou N'Guesso. Nul doute qu’il saura trouver le juste milieu. Dans tous les cas, le peuple l’attend sur ses premiers choix. Ainsi va la vie au Congo.

 

 

MFUMU

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Brin d’histoire : les derniers articles